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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit  
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Charles Goodyear, quincaillier américain en faillite, se mit en tête de rentabiliser le caoutchouc : une bonne part de ses expériences furent réalisées en prison, là où ses dettes l’avaient conduit
  « Parmi les premiers matériaux rapportés d’Amérique par les conquistadores, le caoutchouc (mot amérindien signifiant « arbre qui pleure ») ne sortit guère, deux siècles durant, de la cour d’Espagne. Son usage était purement ludique (balles de jeu de paume) ou hygiénique, à l’imitation des Indiens du Brésil qui en faisaient, entre autres, des poires à lavement. Ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du xviiie siècle que la curiosité d’histoire naturelle se mua en matériau apprécié pour sa souplesse et son imperméabilité. La Condamine, qui l’avait rapporté à Paris de sa reconnaissance du cours de l’Amazone, à la suite de l’expédition envoyée au Pérou mesurer le méridien (1735-1743), en confia un échantillon au chimiste Macquer, qui montra qu’on pouvait le dissoudre dans l’essence de térébenthine ou dans l’éther. Cette dissolution (analogue à celle dont les cyclistes usèrent longtemps pour coller des rustines) permit, par application au pinceau sur une forme, de fabriquer – pour le roi Frédéric II de Prusse – la première paire de bottes en caoutchouc. Vers 1823, l’Écossais Charles Macintosh parvint à fabriquer des vêtements imperméables en insérant un feuillet de caoutchouc résultant de l’évaporation d’une dissolution entre deux toiles. Charles Goodyear, quant à lui, quincaillier américain en faillite, se mit en tête, à partir de 1834, de rentabiliser le caoutchouc. Une bonne part de ses expériences furent réalisées en prison, là où ses dettes l’avaient conduit. Il inventa un procédé, à base de nitrates, permettant d’en faire des feuilles et des bâches, puis découvrit la vulcanisation, c’est-à-dire le durcissement d’un échantillon de caoutchouc enrichi de soufre et chauffé. En 1851, il présenta à Londres, lors de l’Exposition universelle, trois pièces entièrement garnies de caoutchouc : tapis tentures, rideaux, meubles, etc. Sans doute Goodyear inspira-t-il le capitaine Cap, qui, selon Alphonse Allais, inventa « un procédé pour ôter au caoutchouc cette élasticité qui le rend impropre à tant d’usages ». Toujours est-il que la gomme ainsi vulcanisée servit à la fabrication de bandages pour les roues, puis de pneumatiques. Des vêtements imperméables aux combinaisons de plongée sous-marine et aux bateaux pneumatiques, des gants aux diaphragmes et aux préservatifs, des balles de tennis aux dirigeables et des revêtements de sol aux gaines de câbles électriques on ne compte plus les utilisations du caoutchouc. Le début du xxe siècle connut une véritable ruée vers le caoutchouc produit par l’espèce Hevea brasiliensis en Amazonie. La ville de Manaus connut une période fastueuse dont le point culminant fut la construction d’un opéra, copie du palais Garnier. Cependant, comme l’indiquait la radio de la pension du M. Hulot de Jacques Tati, « les cours du caoutchouc sont élastiques ». Les deux guerres mondiales en firent un matériau stratégique ; elles accélérèrent la délocalisation des lieux de culture de l’hévéa (Indochine Malaisie) et la production de caoutchoucs synthétiques, dont des dizaines sont à présent utilisés à très grande échelle. »
       
       
       

 

   
P. Laszlo, « Caoutchouc », in Dictionnaire culturel des sciences, sous la direction de N. Witkowski, Seuil-Regard, 2001, p. 84.
   

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