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On entretient
la terreur du criminel, on brandit la menace du monstrueux pour
renforcer cette idéologie du bien et du mal, du permis et du défendu,
que l’enseignement d’aujourd’hui n’ose pas transmettre avec autant d’assurance
qu’autrefois…
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« On entretient la terreur
du criminel, on brandit la menace du monstrueux pour renforcer cette idéologie
du bien et du mal, du permis et du défendu, que l’enseignement d’aujourd’hui
n’ose pas transmettre avec autant d’assurance qu’autrefois. Ce que le
prof de philo n’ose plus dire dans son vocabulaire entortillé, le journaliste
le proclame sans complexe. Vous me direz : ça a toujours été comme
ça, les journalistes et les professeurs ont toujours été faits pour dire
la même chose. Mais, aujourd’hui, les journalistes sont poussés, invités,
contraints à le dire d’autant plus fort et avec d’autant plus d’insistance
que les professeurs ne peuvent plus le dire. Je vais vous raconter une
histoire. Clairvaux a entraîné une semaine de vengeance dans les prisons.
Ici ou là, les gardiens ont cassé la gueule aux détenus, en particulier
à Fleury-Mérogis, la prison des jeunes. La mère d’un détenu est venue
nous voir. J’ai été avec elle à R.T.L. pour essayer de faire diffuser
son témoignage. Un journaliste nous a reçus et nous a dit : « Vous
savez, ça ne m’étonne pas, parce que les gardiens sont à peu près aussi
dégénérés que les détenus. » Un professeur qui parlerait ainsi dans
un lycée provoquerait une petite émeute et prendrait une gifle. » |