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« Je partage l’horreur de Michel <Foucault>
pour ceux qui se disent marginaux : le romantisme de la folie, de
la délinquance, de la perversion, de la drogue, m’est de moins en moins
supportable. Mais les lignes de fuite, c’est-à-dire les agencements de
désir, ne sont pas pour moi créées par les marginaux. Ce sont au contraire
des lignes objectives qui traversent une société, où les marginaux s’installent
ici ou là, pour faire une boucle, un tournoiement, un recodage. Je n’ai
donc pas besoin d’un statut des phénomènes de résistance : si la
première donnée d’une société est que tout y fuit, tout s’y déterritorialise. » |
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« Démystifier les programmes de réinsertion
sociale, parce que comme on dit, ces programmes réadapteraient les délinquants
aux conditions sociales dominantes, ce n’est pas tellement cela le problème.
C’est la désocialisation qui est le problème. Je voudrais critiquer l’opinion
que l’on trouve malheureusement trop souvent chez les gauchistes, une
position vraiment simpliste : le délinquant, comme le fou, est quelqu’un
qui se révolte, et on l’enferme parce qu’il se révolte. Je dirai l’inverse :
il est devenu délinquant parce qu’il est allé en prison. Ou, mieux, la
micro-délinquance qui existe au départ s’est transformée en macro-délinquance
par la prison. La prison provoque, produit, fabrique des délinquants,
des délinquants professionnels, et on veut avoir ces délinquants parce
qu’ils sont utiles : ils ne se révoltent pas. Ils sont utiles, manipulables
– ils sont manipulés. » |