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« Le mélancolique verra une
scène de tragédie, là où le sanguin ne voit qu’un conflit intéressant,
et le flegmatique un fait insignifiant.
Tout cela vient de ce que toute réalité, c’est-à-dire toute « actualité
remplie » se compose de deux moitiés, le sujet et l’objet, mais aussi
nécessairement et aussi étroitement unies que l’oxygène et l’hydrogène
dans l’eau. À moitié objective identique, la subjective étant différente,
ou réciproquement, la réalité actuelle sera tout autre ; la plus
belle et la meilleure moitié objective, quand la subjective est obtuse,
de mauvaise qualité, ne fournira jamais qu’une méchante réalité et actualité,
semblable à une belle contrée vue par un mauvais temps, ou réfléchie par
une mauvaise chambre obscure. Pour parler plus clairement, chacun est
enfermé dans sa conscience comme dans sa peau et ne vit immédiatement
qu’en elle ; aussi y a-t-il peu de secours à lui apporter du dehors.
À la scène, tel joue les princes, tel les conseillers, tel autre les laquais,
ou les soldats ou les généraux, et ainsi de suite. Mais ces différences
n’existent qu’à l’extérieur ; à l’intérieur, comme noyau du | personnage,
le même être est fourré chez tous, savoir un pauvre comédien avec ses
misères et ses soucis. » |