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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit  
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Les gars de chez Dante – petit bar montmartrois – sont des gangsters : ils ne s’en cachent ni ne s’en vantent ; ils ont leur « métier » ; ils sont fiers de leur business
  « Tous ces hommes ont un solide mépris de la mort.
Ils ont un solide mépris de la mort, donc de la vie.
Ils ont le goût du risque et sont toujours prêts à payer.
Leur indolence apparente est trompeuse, car elle cache de farouches réserves d’énergie. Et ils ne rusent pas avec la vie, ils l’acceptent, telle que. Ils jouent. Ils jouent franc jeu. Hors la loi.
En ce sens, ils sont purs si on les compare à cette clique sournoise, hypocrite et lâche d’officiels et de gens en place qui trafique de son influence et qui ne sait plus que se défiler, geindre, quand l’heure est venue de payer. L’air vicié que l’on respire dans certains salons politiques ou littéraires du grand Paris, on ne le retrouve pas, ici, dans ce petit bar montmartrois.
Oui, je me le demande, qui, parmi tant de personnalités qu’a traitées princièrement Stavisky, qui, parmi tant de grands personnages, a eu, à la nouvelle de la mort de l’escroc, un sentiment autre que celui du soulagement ?
Les gars qui entrent et qui sortent de chez Dante, qui vont et viennent par la petite porte du fond, qui marchent à pas comptés, les mains aux poches du pantalon pour mieux tendre le pli du vêtement, sont des gangsters, c’est entendu. Le mot est à la mode et peut leur être appliqué. Mais eux, ils ne s’en cachent ni ne s’en vantent. Ils ont leur « métier ». Ils sont fiers de leur business… Et pour le reste, ils s’en fichent, ils s’en moquent et méprisent. »
       
     
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
B. Cendrars (1887-1961), Panorama de la pègre (1935), Quatrième chapitre : « Les “33” et leurs amis » ; Denoël : œuvres complètes, t. iv, 1962, p. 295.
   

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