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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit  
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  La juste mesure. Le juste ton. Le juste prix.
C’est un peu juste, ou à peine juste. Est-ce bien juste ?
On peut se demander « qu’est-ce que le juste ? », ou « qu’est-ce qui est juste ? ». Mais aussi : « qui est juste ? », – on se le demande.
       
Qui est juste ?
  « Celui qui est heureux, celui-là est juste. »
       
Qui est juste, qui se croit juste ?
  « Il n’y a que deux sortes d’hommes, les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes. »
       
Qui sont les justes ?
  « Le frein est en nous.
Les justes sont ceux dont la conscience a la bouche tendre. »
       
Los justos : ceux qui s’ignorent et sauvent le monde
  Borges a publié dans le recueil Le Chiffre, paru en 1981, un poème intitulé « Les Justes ». Borges évoqua ce poème, en 1986, comme une « superstition juive ».
  « Un hombre que cultiva su jardín, como quería Voltaire.
El que agradece que en la tierra haya música.
El que descubre con placer una etimología.
Dos empleados que en un café del Sur juegan un silencioso (modesto) ajedrez.
El ceramista que premedita un color y una forma.
El tipógrafo que compone bien esta página, que tal vez no le agrada.
Una mujer y un hombre que leen los tercetos finales de cierto canto.
El que acaricia a un animal dormido.
El que justifica o quiere justificar un mal que le han hecho.
El que agradece que en la tierra haya Stevenson.
El que prefiere que los otros tengan razón.
Esas personas, que se ignoran, están salvando el mundo. »
« Un homme qui cultive son jardin, comme le souhaitait Voltaire.
Celui qui est reconnaissant à la musique d’exister.
Celui qui découvre avec bonheur une étymologie.
Deux employés qui dans un café du Sud jouent une modeste partie d’échecs.
Le céramiste qui médite une couleur et une forme.
Le typographe qui compose bien cette page, qui peut-être ne lui plaît pas.
Une femme et un homme qui lisent les derniers tercets d’un chant.
Celui qui caresse un animal endormi.
Celui qui justifie ou cherche à justifier le mal qu’on lui a fait.
Celui qui est reconnaissant à Stevenson d’exister.
Celui qui préfère que les autres aient raison.
Tous ceux-là, qui s’ignorent, sauvent le monde. »
       
     
       
 
   
       
       

 

   
L. Tolstoï (1828-1910), Journal, mars 1863 ; Gallimard, « Pléiade » : Journaux et carnets, t. i, 1979, p. 549.
   
B. Pascal (1623-1662), Pensées, § 483 (Br. 534, Laf. 562) ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. ii, 2000, p. 754.
   
V. Hugo (1802-1885), Le Tas de pierres (portefeuille 1843-1851) ; C.F.L. : Œuvres complètes, t. vii, 1968, p. 708.
   
J. L. Borges (1899-1986), La Cifra (1981), « Los justos » ; Emecé Editores : Obras Completas, t. iii, 1989, p. 326.
J. L. Borges (1899-1986), Le Chiffre (1981), « Les Justes » ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. ii, 1999, p. 811.
   

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