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Ne parlons pas de l’impunité ;
ni de la petite, ni de la grande : ne parlons pas de choses qui fâchent. |
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« Punir est
la chose la plus difficile qui soit. Il est bon qu’une société comme la
nôtre s’interroge sur tous les aspects de la punition telle qu’elle se pratique
partout : à l’armée, à l’école, à l’usine. » |
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« J’ai rencontré plusieurs
voyantes, un peu sorcières. Simplement clairvoyantes ? J’étais avec
ma femme, à Londres, peu de temps après la guerre. Nous rencontrâmes S.B.
Ma jeune femme avait très mauvaise mine. Moi je la trouvais mince, et si
belle. J’étais le seul à ne pas voir qu’elle se consumait.
Elle avait un album de pensées, comme autrefois les demoiselles qui faisaient
collection de devises autographes, ou qui faisaient remplir le questionnaire
auquel Proust a, par mégarde, donné son nom. S.B. y écrivit : « On
juge l’amour d’un mari à la santé de sa femme. » Quinze jours après,
la mienne était dans un sanatorium. Quand je rencontre S., je lui dis :
« Bien jugé, sorcière, voyante, amie ».
Les historiens grecs nous apprennent qu’à Sparte, quand quelqu’un avait
commis une faute, on punissait l’être qu’il aimait. Quand il arrivait un
malheur à l’aimé, punissait-on l’aimant ? On aurait dû, aussi. » |
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« Qu’on
y pense ! – Celui que l’on punit n’est plus celui qui a
commis le fait. Il est toujours le bouc émissaire. » |
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« Isabelle ne croyait
pas en la souffrance de son mari. « C’est de l’esbroufe ! »
disait-elle en haussant les épaules. « C’est du théâtre de mauvais
goût qui cherche à punir. » À mon sens Seinecé était plus touché qu’elle
ne voulait l’admettre. Il était jaloux du passé, du présent, de l’avenir,
il était jaloux des parents d’Isabelle, jaloux de sa fille Delphine, jaloux
de sa mère qui venait de mourir, jaloux de tous ceux qu’elle rencontrait,
des commerçants, des rêves mêmes qu’elle pouvait avoir et dont il prétendait
qu’elle les lui cachait. » |
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« On ne trouve
vraisemblablement pas de groupes sociaux sans punition. Ce qui me paraît,
en revanche, assez caractéristique de notre société, c’est la surveillance.
C’est pour cela qu’à vrai dire j’aurais dû appeler mon livre Punir
et Surveiller. La surveillance étant curieusement l’une des manières,
je ne dis pas exactement de punir, mais de faire fonctionner le pouvoir
punitif. Il me semble que, encore au xviiie
siècle, le nombre de gens qui échappaient effectivement aux lois sous le
coup desquelles normalement ils auraient pu tomber était immense. Le pouvoir
pénal, le pouvoir de punir était un pouvoir discontinu, lacunaire, plein
d’alvéoles, plein de trous, ce qui explique que, lorsqu’on s’emparait d’un
criminel, les peines que l’on imposait étaient formidables, d’autant plus
formidables que justement les autres couraient et qu’il fallait, comme on
disait, faire exemple. L’effroi de la terreur devait compenser la discontinuité
de la punition. Il me semble qu’à partir de la fin du xviiie siècle et du début du xixe on a cherché à avoir un
pouvoir punitif… » |
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M. Foucault
(1926-1984), « Punir est la chose la plus difficile qui soit »,
entretien avec A. Spire, Témoignage
chrétien, septembre 1981 ; Gallimard, « Bibliothèque
des sciences humaines » : Dits
et écrits, t. iv, 1994, p. 209. |
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C. Roy (1915-1997),
Nous : essai d’autobiographie
(1972), 7 : « Les embrouillaminis » ; Gallimard, « NRF »,
1972, p. 149. |
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F. W. Nietzsche (1844-1900),
Aurore : pensées sur les préjugés
moraux (1881), IV, § 252 : Man erwäge. – Der gestraft wird, ist nicht
mehr Der, welcher die Tat getan hat. Er ist immer der Sündenbock.
– Robert Laffont, « Bouquins » : Œuvres,
t. i, 1993, p. 1112. |
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P. Quignard, Le Salon du Wurtemberg : roman (1986), chap. ii :
« Le cabanon au-dessus de Bormes », Gallimard, « n.r.f. », 1986,
p. 95. |
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M. Foucault (1926-1984),
« Radioscopie de Michel Foucault », entretien avec J. Chancel,
10 mars 1975 ; Gallimard, « Quarto » : Dits
et écrits, t. i,
2001, p. 1661. |
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