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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit  
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Stéréotype / Prison / Menu / Seuil ‡‡ Tour de prison
       
  Figure de la répétition, un stéréotype est du langage solidifié, c’est-à-dire épais, durci et figé, – sorte de croûte cérébrale sous laquelle la société s’enferme. Cette figure obligée de la phrase correspond à une nécrose du sens dans le commerce, ou – pour emprunter des images plus élémentaires – à une lignification (langue de bois), voire à une pétrification sédimentaire (langue fossile).
       
Je sens certains langages particuliers comme des prisons, à partir du moment où ils me donnent la sensation d’être un tissu très compact, peuplé de stéréotypes.
  « Le problème de la liberté se pose pour moi essentiellement par rapport aux langages, en mettant l’expression au pluriel. C’est-à-dire que, très vite, je sens certains langages particuliers comme des prisons, à partir du moment où ils me donnent la sensation d’être un tissu très compact, peuplé de stéréotypes. À ce moment-là, j’éprouve un désir intense de liberté par rapport à tel de ces langages, et si j’ai participé à sa constitution, alors je le fuis, je m’écarte, je donne une secousse et j’essaie d’en trouver un autre. Ce n’est pas par rapport à moi-même, ce n’est pas par rapport aux autres, ce n’est même pas par rapport aux institutions, car je m’adapte assez bien, mais c’est par rapport à ces langages que je peux avoir envie d’aller ailleurs. »
       
     
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
R. Barthes (1915-1980), « Roland Barthes met le langage en question », entretien avec Laurent Kissel pour Le Figaro littéraire, 5 juillet 1975 ; Œuvres complètes, t. iii, Seuil, 1995, p. 367.
   

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