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Dernière édition MMVI - Ovrs - Minuit | ![]() |
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Truand |
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Vaurien, vagabond qui mendie par fainéantise. |
« 1o Vaurien, vagabond qui mendie
par fainéantise. |
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Étymologie. |
« Wallon, trouwan ; poitevin, trudant ; provenç. truan ; catal. truá, truhá ; espagn. truhan ; portug. truão ; bas-lat. trutanus, trudanus. Ce mot paraît venir du celtique : gaél. truaghan, pauvre, misérable ; kimry, tryan ; gaél. trudanach, un vagabond. Du Cange, après Pasquier, tire truant de l’ancien treü, tribut : il paraît bien qu’on a dit truanderie pour impôt […]. Mais, malgré cela, jamais treü équivalant au latin tributum, n’aurait pu donner truand dans l’ancienne langue. » | |||
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Le truand est un intrus. |
« Truant, xiie siècle ; soit du gaul. *trugant ; cf. irlandais truag « misérable » (Bloch-Wartburg), soit du lat. médiéval trutanus, de trudere « pousser », « le truand est un intrus » (Guiraud). » | |||
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Ce mot est fort ancien… |
« Truand,
-ande. Adj. Mendiant valide
qui demande l’aumône, et qui aime la fainéantise, qui fait un métier de
gueuser. Ce mot est fort ancien. L’Abbé Guibert en son Histoire
de Jérusalem représente la vie et les gestes des gueux et truands
qui suivirent l’armée croisée, qu’il nomme Trudents.
Leur capitaine fut un chevalier de Normandie qui se fit nommer le roi Thafur ;
et il remarque que ces gens firent grand peur aux Sarrasins, qui craignaient
fort de tomber entre leurs mains, parce qu’ils étaient anthropophages. Cette
Royauté a toujours continué depuis ; et à présent, les gueux de France
nomment leur roi, le Grand Cosroé et le Roy de Thunes, comme on voit dans
le jargon de l’argot. Pasquier, et Ménage et Du Cange après lui, prétendent
que le nom de truand vient
d’un vieux mot Gaulois treu
ou trud, qui signifiait
tribut, dont la pesanteur, disent-ils,
avait réduit ces gens à la mendicité. Mais ils se trompent, parce que ce
nom est bien plus ancien ; car les tailles ne furent imposées que du
temps de St Louis ; outre que leur libertinage les rendait exempts
de toutes impositions. C’est pourquoi d’autres disent qu’il vient de molæ trusatiles, qui signifient les moulins
à bras, qui étaient tournés par des gueux et des misérables avant l’invention
des autres dont on se sert. D’autres croient que ce nom vient d’un oiseau
de marais qui a le pied d’oie et la taille d’un cygne, que les Latins appellent
truo, et les Grecs onokrotale, parce que cet oiseau a une
bourse tenant à la partie inférieure du bec, qui descend en poche ou besace,
où il ramasse toutes les bribes qu’il trouve pour les retirer et manger
à loisir : ce qui a fait qu’on a nommé truands,
les gueux qui font la même chose. Borel dit que ce mot signifiait autrefois
gens de pied, et des gens malpropres et
sales, comme qui dirait des Tripiers, qui ont donné le nom à la rue de la
Truanderie à Paris, où demeuraient les Tripiers. D’autres dérivent ce mot
de l’allemand thurtit,
qui signifie gueux, comme
dit Lipse. Boxhornius croit que truand
est un vieux mot breton qui signifie misérable.
Bovillus dit qu’il vient de trua,
qu’il dit être un vaisseau ou ustensile de cuisine qui sert à verser de
l’eau, à cause que les truands aiment fort à fréquenter la cuisine. D’autres
le dérivent de trufa, qui
signifie fraude, parce
que ces gens-là sont larrons et filous. Du Cange dit qu’on les a appelé
dans la basse Latinité trutanus,
trudanus, trutanicus et trudennes.
Ce mot pourrait venir aussi de truillon,
qui en langage celtique ou bas-breton signifie guenille. On appelle truands en Espagne, les bouffons, bateleurs, joueurs de gibecière, et faiseurs de tours de passe-passe. Il y quelques coutumes qui font mention d’un cens truand, dormant, ou mort, c’est-à-dire qui ne porte aucun profit, ni droits seigneuriaux, qui n’est qu’une espèce de rente roturière. D’autres croient que les cens truands sont des cens à quête, dont il est parlé dans la coutume de Blois et de Sœsme, c’est-à-dire que le Seigneur est obligé d’en envoyer faire la collecte ; et ces collecteurs s’appellent treuens. Il y a un vieux proverbe cité dans l’Indice de Ragueau, qui dit Qui fit Normand, il fit truand : ce qui vient, à ce que dit Pasquier, de ce que les Normands ont été les plus chargés de trus, qui en vieux gaulois signifiait impôts. » |
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Le truand ne se présente pas en sauveur de l’humanité et ne pratique le meurtre que sur une échelle artisanale… |
« Idéalisme. – Pour la victime « individuelle », il n’y a évidemment aucune différence entre mourir sous les coups d’un truand qui tire une balle dans la nuque de trois caissiers de supermarché pour emporter sans risques la caisse, et mourir sous les coups d’un idéaliste fanatique en train de « construire le socialisme ». D’un point de vue général, il y a tout de même une différence. Le truand ne se présente pas en sauveur de l’humanité et ne | pratique le meurtre que sur une échelle artisanale. L’idéaliste a sa conscience pour lui, il tue en masse, et il lui arrive même d’avoir pour défenseur ou pour avocats de « grandes consciences » qui disputaillent sur le chiffre des morts ou plaident les circonstances atténuantes. Jacques Mesrine ne croyait pas « bien faire » ; mais Pol Pot, oui. » | |||
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É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Truand ». | |
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Truand », “Étymologie”. | |
Le Grand Robert de la langue française (éd. 2001), s.v. « Truand », “Étymologie”. | |
A. Furetière (1619-1688), Dictionnaire universel (1690), s.v. « Truand ». | |
C. Roy (1915-1997), Permis de séjour (1977-1982), « Je me retournerai souvent (1980) », “Idéalisme”, octobre 1980 ; Gallimard, « NRF », 1983, p. 180-181. | |