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« Oscar Wilde, on le sait,
a dit superbement que son talent était dans ses œuvres et son génie dans
sa vie. Sa vie est, certes, plus intéressante que son œuvre. Personne
n’a lu “Le Sphinx”, qui comporte une douzaine de pages ; mais personne
n’a manqué de lire les révélations de Harris, qui forment un livre de
près de quatre cents pages. Le fait s’explique. Les écrits de Wilde –
souvenons-nous de “La Maison de la courtisane”, du “Sphinx”, des aphorismes
– n’ont d’autre mérite que leur perfection. Ils procèdent de Rossetti,
de Verlaine, de Swinburne, de Keats… Sa vie, en revanche, est fondamentalement
tragique. Ce n’est pas celle d’un homme à qui le malheur arrive ;
c’est celle d’un homme qui, de façon obscure mais inéluctable, le recherche.
Wilde, condamné, laisse s’écouler et se perdre la nuit qui le sépare de
la prison. Schopenhauer pensait que tous les événements de notre vie,
pour funestes qu’ils fussent, étaient le fruit de notre volonté, tout
comme les événements d’un rêve. Wilde est peut-être l’exemple le plus
frappant | de cette thèse fantastique ; Wilde souhaitait peut-être
aller en prison. » |