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  Clé  

  Quelle est la clé du problème ? Cherchons bien (nous ne la chercherions pas si nous ne l’avions déjà trouvée) : les clés ouvrent et ferment les portes, c’est bien utile pour quitter une prison.
         
 
Les clés du royaume.
  Le christianisme fait référence aux clés du Royaume dans plusieurs occurrences.  
 
 
  Jésus-Christ reproche aux juristes d’avoir fermé à clé la connaissance du Royaume : alors qu’ils disposaient des clés, non seulement ils n’en ont fait aucun usage pour eux-mêmes, mais en plus, ils en ont empêché l’usage à ceux qui en avaient besoin.  
Malheur à vous qui avez enlevé la clé de la science !
  « Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clé de la science ! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés ! »  
         
 

Qui cherche à résoudre un problème dispose rarement d’une clé en main, et plus rarement encore de la bonne clé.
Si la scène se passe de nuit, nous voici réduits à chercher dans les ténèbres la clé perdue. Le clair de lune peut nous aider, un lampadaire aussi. (C’est la petite fable des hommes de science.)
La voie royale consiste à patienter : attendre tranquillement que le jour se lève, et la clé surgit comme par miracle. Si l’on croit qu’il y a une clé, il est inutile de remuer ciel et terre : le ciel s’en charge, par don. Aussi, la nuit porte conseil.
La voie incrédule ou impatiente est nettement plus laborieuse. On prend les devants comme un taureau par les cornes : forger cette clé. La trouvaille se paie alors par le travail.

 
 
     
Forger cette clé.
  « Les enquêtes diverses, les doctrines et les aphorismes, les commentaires et les aveux, dont on voit de nos jours la poésie accablée, donnent, dans leur contrariété, le plus vif désir de dégager enfin quelque méthode ou clef, qui permette d’y séparer le vrai du faux. Je me propose ici de forger cette clef. »  
 
 
     
Il y a une clé, toujours...
  « Pour la possession des femmes, il y a une clé, toujours ; tantôt physique, tantôt morale. Quand on la possède, tout est fait. »  
         
Nous n’avons pas les clés du monde, alors je tâtonne avec mon trousseau pour tenter d’ouvrir la serrure : j’essaye toutes les clés que je peux trouver, j’essaye des passe-partout, j’essaye de crocheter comme un voleur et même d’enfoncer la porte
 

« Nous n’avons pas les clés du monde. Alors je tâtonne avec mon trousseau pour tenter d’ouvrir la serrure, j’essaye toutes les clés que je peux trouver, j’essaye des passe-partout, j’essaye de crocheter comme un voleur et même d’enfoncer la porte, bien que j’aie peu de force.
Maintenant, avec les années, je préfère détourner le regard de cette serrure inviolable, m’asseoir et rêver, ou me persuader qu’on peut vivre ici une vraie vie sans savoir ce qu’il y a derrière la porte (mais parfois on croit entendre un chant si sublime qu’il vous dégoûte et détourne de nos petites musiques et baroufs et bavardages, et parfois on croit entendre des cris si déchirants qu’on voudrait toutes affaires cessantes aller au secours de ces suppliciés), mais bon, on veut vérifier tout de même de temps en temps si la porte ne s’est pas ouverte, ou si on n’a pas négligé une clé, parfois même on forge une nouvelle clé, et il faut l’essayer.
Toutes ces clés – qu’il m’a fallu recueillir ici ou là ou emprunter – n’ont pas fait de moi un serrurier professionnel, je ne sais pas forger des clés ni même forcer les serrures comme un voleur professionnel, je ne saurais pas ouvrir un coffre-fort, non, je suis seulement une sorte de vagabond qui traîne ici ou là, au gré de son inspiration et des circonstances, et qui trouve une clé dans la poussière d’un terrain vague ou dans une vieille boîte à chaussures, ou tout simplement un curieux qui voyant une clé rouillée accrochée au clou dans une grange se demande à quoi pourrait servir cette clé, par hasard. »

 
         
Savoir encaisser sans répondre, sans même envisager l’éventualité d’une vengeance – c’est là la clef de tout
  « Savoir encaisser sans répondre, sans même envisager l’éventualité d’une vengeance – c’est là la clef de tout, c’est là un art que je m’évertue depuis si longtemps à apprendre sans y réussir, sinon à | de rares moments, – mais alors même, comment savoir si ma victoire n’est pas le fruit de la lâcheté ?
Renoncer à se venger, non dans l’immédiat, mais dans l’éternité, encaisser tous les coups pour toujours. L’omniprésence de la vengeance, voilà l’écueil contre lequel butent toutes les utopies, voilà l’obstacle majeur et invincible à l’instauration du Paradis.
Je veux refouler ma vengeance, mais elle agit secrètement, et je me venge sans le savoir dans les moments même où je me rengorge, où je me flatte d’être plus avancé en sagesse que n’importe quel autre mortel. Mon sang charrie de la vengeance ; elle l’épaissit, l’alourdit, elle… »
 
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         

   
Évangile selon Luc, XI, 52 : væ vobis legis peritis quia tulistis clavem scientiæ ipsi non introistis et eos qui introibant prohibuistis. – Trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 1751.
   
J. Paulhan (1884-1968), Clef de la poésie (1944), « Argument I » ; Cercle du livre précieux : Œuvres complètes, t. II, 1966, p. 242.
   
P. Morand (1888-1976), Journal inutile, 23 avril 1974 ; Gallimard, « Les cahiers de la N.R.F. », t. II, 2001, p. 236.
   
M. Polac (1930), Journal (1980-1998), 6 (?) avril 1994 ; P.U.F., « Perspectives critiques », 2000, p. 356.
   
E. Cioran (1911-1995), Cahiers (1957-1972), fin décembre 1966 ; Gallimard, « N.R.F. », 1997, p. 453-454.
   
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