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Dernière édition MMV - Ours - Minuit  
Décomposer  
       
 

 

       
Ce don de décomposer les problèmes profondément étudiés jusqu’à des éléments si simples que la solution d’elle-même s’en dégage…
  « La foi, notre bien de famille, cette foi dans la force d’un argument bien conduit, qui d’entre nous songerait à la répudier ? Cette confiance à la fois paisible et fanatique dans la vérité que j’admirais chez Philippe, et que l’on retrouvait dans les quatre frères, cette capacité d’un regard objectif, ce don de décomposer les problèmes profondément étudiés jusqu’à des éléments si simples que la solution d’elle-même s’en dégage, elle était la même chez les quatre frères, elle leur était commune comme le timbre de la voix. Mais cette application au réel, de par la perfection de ces facultés en nous qui sont adaptées au réel, à ces choses qui ont contour, était particulièrement étroite chez Philippe. On m’a cité de lui un mot qui illumine son attitude mentale. Tout le monde sait qu’il n’aimait pas la musique et qu’il affichait volontiers cette aversion. Quelqu’un s’en étonnait, chez un homme qui avait le goût de l’art et qui était fou de poésie. C’est trop flou, lui répondait Philippe. Il y a tout un domaine qui était placé hors du foyer de ce regard perçant et précis. »
       
     
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
P. Claudel (1868-1955), Contacts et circonstances, « Philippe Berthelot », II : “Il n’y a rien”, 17 décembre 1937 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres en prose, 1965, p. 1282.
   
 
   
 
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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