Retour au menu
Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit
Dire
       
 

Comment dire ? Et par où commencer ?
Il faut commencer par le commencement, en prenant les choses du bon côté – par le manche. C’est ainsi qu’on tient le bon bout. Sinon saisir le taureau par les cornes.

       
Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent...
  « Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes. »
       
Rien n’est dit. L’on vient trop tôt depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes.
  « Rien n’est dit. L’on vient trop tôt depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes. Sur ce qui concerne les mœurs, comme sur le reste, le moins bon est enlevé. Nous avons l’avantage de travailler après les anciens, les habiles d’entre les modernes. »
       
Depuis x… mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent, …
  « Depuis x… mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent, … ils sont toujours tout étonnés de penser – tout étonnés, tout embarrassés – bien fâchés, en somme, – de penser. »
       
Ce livre traite de problèmes de philosophie et montre que la formulation de ces problèmes repose sur un malentendu de la logique de notre langage. On pourrait résumer tout le sens de ce livre en ces mots : tout ce qui peut être dit peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler on doit le taire.
  « Il se peut que ce livre ne soit compris que par celui qui aura lui-même déjà pensé les pensées qui y sont exprimées – ou des pensées analogues. Ce n’est donc pas un manuel. Son objet serait atteint s’il procurait du plaisir à qui le lirait.
Le livre traite de problèmes de philosophie et, comme je le crois, montre que la formulation de ces problèmes repose sur un malentendu de la logique de notre langage. On pourrait résumer tout le sens de ce livre en ces mots : tout ce qui peut être dit peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler on doit le taire.
Le livre, en conséquence, tracera des limites à la pensée, ou plutôt – non à la pensée, mais à l’expression des pensées, car, pour tracer une limite à la pensée, nous devrions être capables de penser des deux côtés de cette limite (nous devrions être capable de penser ce qui ne peut être pensé).
La limite ne peut, par conséquent, être tracée que dans le langage, et ce qui se trouve de l’autre côté de la limite sera simplement du non-sens. »
       
     
       
 
   
       
       

 

   
J. La Bruyère (1645-1696), Les Caractères (1696), i, « Des ouvrages de l’esprit », § 1.
   
Lautréamont (1846-1870), Poésies (1870), second fascicule ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, 1970, p. 292.
   
P. Valéry (1871-1945), Tel quel, II, « Autres rhumbs », “Moralités” ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres, t. ii, 1960, p. 695.
   
L. Wittgenstein (1889-1951), Tractatus logico-philosophicus (1921), « Préface », Vienne, 1918 : Dieses Buch wird vielleicht nur der verstehen, der die Gedanken, die darin ausgedrückt sind – oder doch ähnliche Gedanken – schon selbst einmal gedacht hat. – Es ist also kein Lehrbuch. – Sein Zweck wäre erreicht, wenn es einem, der es mit Verständnis liest, Vergnügen bereitete. / Das Buch behandelt die philosophischen Probleme und zeigt – wie ich glaube – daß die Fragestellung dieser Probleme auf dem Mißverständnis der Logik unserer Sprache beruht. Man könnte den ganzen Sinn des Buches etwa in die Worte fassen : Was sich überhaupt sagen läßt, läßt sich klar sagen; und wovon man nicht reden kann, darüber muß man schweigen. / Das Buch will also dem Denken eine Grenze ziehen, oder vielmehr – nicht dem Denken, sondern dem Ausdruck der Gedanken : Denn um dem Denken eine Grenze zu ziehen, müßten wir beide Seiten dieser Grenze denken können (wir müßten als denken können, was sich nicht denken läßt). / Die Grenze wird also nur in der Sprache gezogen werden können und was jenseits der Grenze liegt, wird einfach Unsinn sein. – Gallimard, « Tel », no 109, 1998, p. 27.
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

En haut de page