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Dernière édition MMV - Ours - Minuit
Division
       
 

 

       
Cette méthode élémentaire de la division...
 

« Il s’agit là d’un terme ou plutôt d’une opération douteuse : elle enferme le meilleur et le pire.
D’abord ce qui coupe un bloc quasiment inentamable en ses morceaux devrait nous avantager : nous parvenons ainsi à le maîtriser, à la condition que la séparation ait respecté les éventuelles parties, sinon ce serait seulement le briser. Nous gagnons à diviser le difficile, tel un « patrimoine » qu’il faut distribuer équitablement entre ses héritiers. Cette méthode élémentaire de la division a été louée aussi bien par Platon (le dialecticien ressemble alors à un cuisinier qui sait découper l’animal) que par Descartes qui nous a appris l’art du démembrement. “En vertu de l’ordre et de la disposition des choses, écrit-il dans les Regulæ (règle v), partant de l’intuition des choses les plus faciles, nous tâcherons de nous élever par les mêmes degrés à la connaissance de toutes les autres.” »

 
 
   
Si j’avais la bonne fortune de rencontrer un maître qui sût bien diviser son sujet
  Claudel a relevé assez librement un passage du Phèdre – et non du Phédon – dans lequel Socrate, citant un vers d’Homère, déclare son enthousiasme pour le procédé de division à l’œuvre dans la méthode dialectique : « Si j’avais la bonne fortune de rencontrer un maître qui sût bien diviser son sujet, je suivrais ses pas comme ceux d’un dieu (Platon, Phédon). »
 
 
  Les éditeurs du Phèdre font remarquer que la leçon du texte platonicien, en l’occurrence, n’est pas tout à fait assurée. Socrate semble dire :
    « De ces divisions et de ces rassemblements, Phèdre, je suis, pour mon propre compte, grand amoureux, dans l’intention de me rendre ainsi capable de parler aussi bien que de penser ! Et si, chez quelqu’un d’autre, je crois trouver la capacité de porter son regard vers une unité, et qui soit l’unité naturelle dominant une multiplicité, cet homme-là, je me mets à sa poursuite, marchant derrière lui, sur ses traces, comme sur celles d’un Dieu ! Non moins certainement, les hommes qui sont capables d’agir ainsi (est-ce ou non à bon droit que je leur donne ce titre, Dieu le sait !), jusqu’à présent au moins, je les nomme dialecticiens. »
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
F. Dagognet, 100 mots pour commencer à philosopher (2001), « Division » ; Les empêcheurs de penser en rond – Seuil, 2001, p. 71.
   
P. Claudel (1868-1955), Journal, janvier-février 1911 ; Gallimard, « Pléiade », t. I, 1968, p. 185.
   
Platon (~428-348 a.c.), Phèdre : de la beauté, 266b – 266c ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. II, 1950, p. 62.
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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