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Dernière édition MMVI - Ovrs - Minuit | |
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| Éluder | ||
| Tant qu’à faire, autant ne pas éluder le problème, et chercher plutôt à l’assumer. En désespoir de cause, on éludera par une pirouette, un revers de main ou un coup de dé. | ||||
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On « élude » d’abord pour faire illusion et tromper quelqu’un.
D’où le sens moderne, qui apparaît au début du xviie siècle : c’est un
tour d’adresse, qui consiste à éviter habilement une difficulté. « Éluder », c’est (se) dérober, (se) détourner, (s’) échapper ou passer (par-dessus) ; laisser de côté, ou prendre la tangente, c’est aussi éluder. D’un geste ou d’un propos évasif, on élude l’embarras d’une question. On élude une promesse par une mauvaise excuse en forme de prétexte. On élude une difficulté par une échappatoire, ou un faux-fuyant. On élude un problème en détournant la question, ou en refusant d’en tenir compte. Au sens absolu, « éluder » revient à esquiver. |
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S’échapper adroitement de quelque affaire… |
« S’échapper adroitement de quelque affaire, de quelque difficulté, en détourner le coup, l’embarras. La chicane élude le plus souvent la force des arrêts. Ce docteur n’a pas résolu cette difficulté, mais il l’a éludée. Les commentateurs éludent les passages les plus difficiles, et discourent amplement sur les autres. » |
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Comme par une sorte de jeu. |
« 1o) Éviter en échappant, comme
par une sorte de jeu. Éluder
une question. Éluder
une promesse. Ils éludèrent
la loi. Éluder les traités. Les poursuites furent
éludées. |
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Elle avait éludé deux fois ma question avec une grande finesse d’esprit, ce qui, dans une demoiselle bien née, est le plus noble des artifices… |
« La belle marquise, plus aguerrie que Clémentine, parce qu’elle était plus âgée et qu’elle avait beaucoup plus d’usage du monde, était plus forte en dialectique ; mais Clémentine avait éludé deux fois ma question avec une grande finesse d’esprit, ce qui, dans une demoiselle bien née, est le plus noble des artifices ; et je me sentais obligé de lui décerner la palme. » | ||
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Pour affirmer contre Weber qu’on peut éluder la règle de neutralité axiologique, Aron a dû, en outre, critiquer le nominalisme du grand penseur allemand… |
« Pour affirmer contre Weber qu’on peut éluder la règle de neutralité axiologique, Aron a dû, en outre, critiquer le nominalisme du grand penseur allemand et réaffirmer qu’il y a une logique éternelle de l’action (une praxéologie) et des fins naturelles de la politique. Il avait choisi de placer dans l’art de faire vivre en paix les hommes ensemble, ce que d’autres placent dans la réalisation de la justice, non moins légitimement, sans doute, mais sans plus de raisons, en une matière où il y a seulement des choix non démontrables en raison. Or, à mon avis, la vie sociale est un état permanent de conflits, grands ou petits, de toute espèce. Vouloir la concorde pour la concorde, c’est déguiser cette réalité. Selon le camp que l’on a choisi, la concorde sera ou auto-immolation au parti vainqueur ou valorisation, mais déguisée, du camp du pouvoir. La paix dans la vérité comme horizon idéal de l’homme, cela n’existe malheureusement pas. » |
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| A. Furetière (1619-1688), Dictionnaire universel (1690), s.v. « Éluder ». | |
| É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Éluder ». | |
| G. Casanova (1725-1798), Mémoires : histoire de ma vie, chap. xcvii ; Arléa, 1993, p. 1299. | |
| P. Veyne (1930), Le Quotidien et l’intéressant : entretiens avec Catherine Darbo-Peschanski, « Libre parcours », Les Belles lettres, 1995, p. 46. | |
