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Dernière édition MMV - Ours - Minuit
Entortillage
       
Que concevez-vous clairement à tout cet entortillage ?
 

« Ce que je conçois clairement à tout cet entortillage, c'est qu'il y a peu de métiers honnêtement exercés, ou peu d'honnêtes gens dans leurs métiers. »

 
 
   
Ce que le prof de philo n’ose plus dire dans son vocabulaire entortillé, le journaliste le proclame sans complexe...
  « On entretient la terreur du criminel, on brandit la menace du monstrueux pour renforcer cette idéologie du bien et du mal, du permis et du défendu, que l’enseignement d’aujourd’hui n’ose pas transmettre avec autant d’assurance qu’autrefois. Ce que le prof de philo n’ose plus dire dans son vocabulaire entortillé, le journaliste le proclame sans complexe. Vous me direz : ça a toujours été comme ça, les journalistes et les professeurs ont toujours été faits pour dire la même chose. Mais, aujourd’hui, les journalistes sont poussés, invités, contraints à le dire d’autant plus fort et avec d’autant plus d’insistance que les professeurs ne peuvent plus le dire. Je vais vous raconter une histoire. Clairvaux a entraîné une semaine de vengeance dans les prisons. Ici ou là, les gardiens ont cassé la gueule aux détenus, en particulier à Fleury-Mérogis, la prison des jeunes. La mère d’un détenu est venue nous voir. J’ai été avec elle à R.T.L. pour essayer de faire diffuser son témoignage. Un journaliste nous a reçus et nous a dit : « Vous savez, ça ne m’étonne pas, parce que les gardiens sont à peu près aussi dégénérés que les détenus. » Un professeur qui parlerait ainsi dans un lycée provoquerait une petite émeute et prendrait une gifle. »
 
 
   
 
 
   
 
 
   
 
 
   
 
 
   

 

   
D. Diderot (1713-1784), Le Neveu de Rameau ; Gallimard, « Pléiade » : Contes et romans, 2004, p. 609.
   
M. Foucault (1926-1984), « Par-delà le bien et le mal », entretien avec des lycéens, recueilli pour Actuel, novembre 1971 ; Gallimard, « Quarto » : Dits et écrits, t. i, 2001, p. 1098.

 

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