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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit
Épine
       
  Un problème épineux ? Il suffit de prendre un hérisson ou un oursin dans la main, ou de traverser un buisson de ronces.
 

Se souvenir de celui qui vous a retiré une épine du pied.

  Se souvenir aussi qu'il n'y a pas de rose sans épine (regarder plutôt la rose, mais gare aux épines).
       
La couronne d’épines : ce qui blesse, déchire, embarrasse, cache…
  « La couronne d’épines. Les ronces dont la fleur est la croix (l’églantine, la rose-croix) sont le symbole de | l’inutilité, ce qui blesse, déchire, embarrasse, cache. Le bélier d’Abraham qui est pris dans les ronces. Le rire de l’insensé comparé à un feu d’épines. Le lys entre les épines. L’entrelacement des ronces signifie ce fouillis d’imaginations, de désirs, de pensées vaines, qui nous cache la tête du Christ, que nous mettons autour de lui. La semence qui est étouffée entre les épines. »
       
L’apologue de l’homme blessé au pied par une épine.
   On connaît l’apologue de l’homme blessé au pied par une épine. Il s’assied au bord de la route, cueille dans un buisson une seconde épine, avec laquelle il extirpe la première. Puis il jette les deux épines et poursuit son chemin.
Il est normal qu’au début, les livres, les autres, les maîtres, et zazen nous aident à enlever les épines qui gênent notre marche. Mais après, il faudra savoir tout jeter, tout abandonner, les livres, les autres, les maîtres, et même zazen. C’est difficile à comprendre, et surtout à faire. Mais il ne faut pas comprendre et finalement, cela se fait tout seul, « naturellement, automatiquement, inconsciemment », quand le moment est venu.
Oui ! Abandon est le maître-mot du Zen, la clé-maîtresse qui vous ouvrira toutes les portes. Si vous en avez vraiment compris le sens, vous n’avez plus besoin de rien, vous avez tout compris du zen. C’est à cet abandon joyeux, à cette liberté totale que mène la pratique de zazen.
Jette ton livre, creuse la terre de ton propre jardin, il en jaillira une source, disait un maître du Soufisme.
C’est dans cet esprit qu’il vous faut maintenant jeter ce livre que vous venez de terminer. Qu’il vous ait plu ou non, qu’il vous ait aidé ou non, que vous l’ayez lu en entier ou non, maintenant jetez-le. Comme les deux épines.
Et poursuivez votre chemin.
Nous ne pouvons trouver tout qu’en abandonnant tout. »
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
P. Claudel (1868-1955), Journal, septembre-octobre 1924 ; Gallimard, « Pléiade », t. I, 1968, p. 646-647.
   
C. Durix, Cent clés pour comprendre le Zen, 100, « Abandon » ; Le courrier du livre, 1976, p. 360.
   
 
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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