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Dernière édition MMVI - Ovrs - Minuit | ![]() |
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Obstacle |
Maintenant,
il faut boire l’obstacle et commencer par tenir bon, ne pas se dégonfler :
nunc est Bibendum… (Soit dit
au passage, mieux vaut encore se dégonfler que de ne s’être
jamais gonflé.) Et faire le saut, pas le sot. |
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Voilà l’obstacle majeur et invincible à l’instauration du Paradis… |
« Savoir
encaisser sans répondre, sans même envisager l’éventualité d’une vengeance
– c’est là la clef de tout, c’est là un art que je m’évertue depuis si
longtemps à apprendre sans y réussir, sinon à | de rares moments, – mais
alors même, comment savoir si ma victoire n’est pas le fruit de la lâcheté ? Renoncer à se venger, non dans l’immédiat, mais dans l’éternité, encaisser tous les coups pour toujours. L’omniprésence de la vengeance, voilà l’écueil contre lequel butent toutes les utopies, voilà l’obstacle majeur et invincible à l’instauration du Paradis. Je veux refouler ma vengeance, mais elle agit secrètement, et je me venge sans le savoir dans les moments même où je me rengorge, où je me flatte d’être plus avancé en sagesse que n’importe quel autre mortel. Mon sang charrie de la vengeance ; elle l’épaissit, l’alourdit, elle… » |
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E. Cioran (1911-1995), Cahiers (1957-1972), fin décembre 1966 ; Gallimard, « N.R.F. », 1997, p. 453-454. | |