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Dernière édition MMV - Ours - Minuit
Pétition
       
 

La petitio principii, ou pétition de principe, est une forme défectueuse de raisonnement qu’Aristote n’a pas manqué de mettre en évidence. L’expression signifie le fait de demander (en latin, le mot petitio se rattache au verbe petere, demander), de façon implicite, qu’on pose en principe – et ainsi qu’on admette au départ –, la cause qui finalement est en question. Par ce biais, on présume trop, puisqu’on présume résolue la question qui est en jeu.
Dans l’argumentation, cette locution a une dimension polémique : en la repérant, on dénonce un raisonnement de travers. En effet, la pétition de principe désigne un vice de raisonnement caractérisé par la circularité. On parle d’ailleurs aussi bien de circulus probandi, ou argument circulaire. Le côté fallacieux du paralogisme consiste à tenir pour principe acquis ce qu’il s’agit justement d’établir, – au lieu de présupposer.

Le mot “problème” peut être une insidieuse pétition de principe.
  « Le mot “problème” peut être une insidieuse pétition de principe. Parler du “problème juif”, c’est postuler que les Juifs sont un problème ; c’est prophétiser (et recommander) les persécutions, les spoliations, les coups de feu, l’égorgement, le viol et la lecture de la prose du docteur Rosenberg. Un autre tort des faux problèmes est de susciter des solutions également fausses. Pline (Histoire naturelle, livre VIII) ne se contente pas d’observer que les dragons attaquent en été les éléphants : il hasarde l’hypothèse que, s’ils le font, c’est | pour boire tout leur sang, qui, comme chacun sait, est très froid. »
       
     
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
J. L. Borges (1899-1986), Autres inquisitions, 1952, « Les alarmes du professeur Américo Castro », 1941 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. I, 1993, p. 692-693.
   
 
   
 
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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