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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit
Politique
       
 

 

Le problème social est plus important que le problème politique.
  « Comme André Gide, qu’on n’accusait guère d’être un mystique, je pense que le problème social est plus important que le problème politique, et le problème moral plus important que le problème social. On en revient toujours à la lutte entre le bien et le mal. »
       
Un problème politique : le vote.
  « Je vote, tout en me disant que, ce faisant, je prends souvent parti sur des problèmes biaisés et des hommes dont je ne puis juger la valeur. Les Démocrates et les Républicains se passent ici leurs opinions de pères en fils, si bien qu’on a parfois l’impression qu’il s’agit de deux clans plutôt que de deux partis, et les indépendants les meilleurs et les plus intelligents n’ont | jamais pu se faufiler entre ces blocs. Les deux partis ont tellement changé au cours d’un siècle qu’on ne peut plus guère parler d’un programme opposé à un programme ; en principe tout au moins, les Démocrates sont un peu plus libéraux que les Républicains, qui tendent à faire la politique des grands trusts. En pratique, comme toujours, tout dépend de l’individu en question, mais lui-même dépend des fils qui animent bon gré mal gré les pantins politiques. Un peu de bon, un peu de bien, un peu d’utile se fait quand même dans cette immense pagaille. Les foules vite agitées par un incident quelconque (le Vietnam, le Watergate, le drame des otages en Iran, par exemple) retombent bientôt dans leur inertie ou dans le petit souci de ses affaires à soi. Les fanatismes plus ou moins masqués, plus ou moins larvés, n’attendent que leur moment pour reparaître tout armés (je pense par exemple à l’évidente recrudescence des activités du « Klan ») ; les intérêts particuliers se font passer pour des intérêts publics. Le coût des élections et des réélections est tel que toute démocratie de ce type est en fait une ploutocratie. La corruption est presque un sine qua non de la politique. Mais, de quel pays parlais-je ? Des États-Unis ? Ou d’une autre démocratie, peu importe laquelle, ou peut-être de la Rome au temps de Marius et de Sylla ? »
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
M. Yourcenar (1903-1987), Les Yeux ouverts : entretiens avec Matthieu Galey, « Une politique pour demain », Le Centurion, 1980, p. 310.
   
M. Yourcenar (1903-1987), Les Yeux ouverts : entretiens avec Matthieu Galey, « Une politique pour demain », Le Centurion, 1980, p. 310-311.
   
 
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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