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Dernière édition MMV - Canicvla - Midi | ![]() |
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Ce qui me fait peur ? |
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Les longs ouvrages me font peur… |
« Bornons ici cette carrière. Les longs ouvrages me font peur. Loin dépuiser une matière, On nen doit prendre que la fleur. Il sen va temps que je reprenne Un peu de forces et dhaleine Pour fournir à dautres projets. Amour, ce tyran de ma vie, Veut que je change de sujets : Il faut contenter son envie. » |
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Il y a des jours où je suis
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« J’observe que je ne ris plus guère et que je ne suis plus triste. Je suis mûr. Tu parles de ma sérénité, cher vieux, et tu me l’envies. Il est vrai qu’elle peut étonner. Malade, irrité, en proie mille fois par jour à des moments d’une angoisse atroce, | sans femmes, sans vie, sans aucun des grelots d’ici-bas, je continue mon œuvre lente comme le bon ouvrier qui, les bras retroussés et les cheveux en sueur, tape sur son enclume sans s’inquiéter s’il pleut ou s’il vente, s’il grêle ou s’il tonne. Je n’étais pas comme cela autrefois. Ce changement s’est fait naturellement. Ma volonté aussi y a été pour quelque chose. Elle me mènera plus loin, j’espère. Tout ce que je crains, c’est qu’elle ne faiblisse, car il y a des jours où je suis d’une mollesse qui me fait peur. Enfin je crois avoir compris une chose, une grande chose, c’est que le bonheur, pour les gens de notre race, est dans l’idée, et pas ailleurs. Cherche quelle est bien ta nature, et sois en harmonie avec elle. « Sibi constet », dit Horace. Tout est là. Je te jure que je ne pense pas à la gloire, et pas beaucoup à l’Art. Je cherche à passer le temps de la manière la moins ennuyeuse, et je l’ai trouvée. » | |||
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J. La Fontaine (1621-1695), Fables, VI, « Épilogue », v. 1-10 ; Gallimard, « Pléiade » : uvres complètes, t. I, 1991, p. 241. | |
G. Flaubert (1821-1880), Lettre, à Alfred Le Poittevin, [Croisset,] 16 septembre [1845] ; Gallimard, « Pléiade » : Correspondance, t. i, 1973, p. 251-252. | |