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  Si je suis prêt à mourir ?  

         
Viens Mort
  « Viens Mort, mais tellement cachée que je ne te sente pas venir, parce que le plaisir de mourir pourrait me redonner encore la vie. »  
         
L’hypothèse du néant absolu n’a même rien qui me terrifie, je suis prêt à me jeter dans le grand trou noir avec placidité
  « Je suis né à l’hôpital (de Rouen – dont mon père était le chirurgien en chef ; il a laissé un nom illustre dans son art) et j’ai grandi au milieu de toutes les misères humaines – dont un mur me séparait. Tout enfant, j’ai joué dans un amphithéâtre. Voilà pourquoi, peut-être, j’ai les allures à la fois funèbres et cyniques. Je n’aime point la vie et je n’ai point peur de la mort. L’hypothèse du néant absolu n’a même rien qui me terrifie. Je suis | prêt à me jeter dans le grand trou noir avec placidité. »  
     

 

 
Moi, je suis prêt ; mais je suis également prêt à vivre encore cent mille ans. N’est-ce pas le même truc ?
  « Aujourd’hui, 1er septembre 1917, j’ai trente ans. Je commence la Fin du monde, en supplément de Moravagine.
Trente ans ! C’est le terme que je m’étais fixé pour me suicider, naguère, quand je croyais au génie de la jeunesse. Aujourd’hui, je ne crois plus à rien, la vie ne me remplit pas plus d’horreur que la mort, et réciproquement.
J’ai posé la question à tous mes amis : « Êtes-vous prêt à mourir à l’instant même ? » Aucun ne m’a jamais répondu. Moi, je suis prêt ; mais je suis également prêt à vivre encore cent mille ans. N’est-ce pas le même truc ?
Il y a les hommes.
Et plus que jamais je m’émerveille de voir combien tout est facile, aisé, inutile et absolument pas nécessaire ou fatal. On commet les âneries les plus gigantesques et le monde de braire de joie comme, par exemple, à la guerre, avec ses fanfares, ses Te Deum, ses célébrations de victoire, ses cloches, ses drapeaux, ses monuments, ses croix de bois. Une nuit de Paris repeuplera tout cela, disait Napoléon après l’inspection du champ de bataille de Leipzig. Que la vie est admirable ! Une nuit de Paris…
Il y a les hommes. Il ne faut pas se prendre trop au sérieux.
Une nuit suffit.
Une nuit d’amour.
Moins que cela, un coup de bite…
Un nœud.
Quant à mon livre et s’il est « bon » ? Jugez-le comme vous voulez et foutez-moi la paix.
Il ne faut pas se prendre trop au sérieux. Si j’étais con, il serait mauvais et j’y attacherais beaucoup d’importance et je m’y attacherais. Mais j’ai encore un beau voyage à faire…
Il y a les hommes. |
La Fin du monde a été écrite en une seule nuit et ne comporte qu’une seule rature ! Ma plus belle nuit d’écriture. Ma plus belle nuit d’amour. »
 
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         

   
S. Dalí (1904-1989), Pensées et anecdotes, chap. I : « Pensées » ; Le Cherche Midi, « Les pensées », 1995, p. 40.
   
G. Flaubert (1821-1880), Lettre, à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, [Paris, 30 mars 1857] ; Gallimard, « Pléiade » : Correspondance, t. ii, 1980, p. 697-698.
   
B. Cendrars (1887-1961), Moravagine (1926), « Pro domo : comment j’ai écrit Moravagine (papiers retrouvés) », La Pierre, le 1er septembre 1917 ; Denoël : Œuvres complètes, t. II, 1961, p. 436-437.
   
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