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« Pour moi, ayant renoncé
à toute quête d’une transcendance quelconque, cherchant ce qui est autre
dans ce qui semble le même, et l’inconnu dans le plus proche, il ne s’agit
que d’une seule idée fixe : coller mon oreille à la terre, non pas
pour la « connaître », mais pour imiter le roulement lointain
des choses.
Comme ces prétendus « sauvages » que découvrirent autrefois
d’hypocrites et cruels explorateurs lorsqu’ils partirent, en fait, à la
conquête de nouveaux esclaves et de nouveaux suppliciés, je ne perçois ce
qui est, que par le moyen d’un rite irrémédiablement corporel, qui se sert
des vocables comme s’ils étaient les gestes d’une danse sacrée, dans la
répétition démente et le battement des tam-tams. Jusqu’au vertige, jusqu’à
l’ivresse de l’être fasciné par le Rien – ce rien où toute vie prend naissance
et s’efface, avec la grâce déchirante de l’éphémère : une poignée de
jours en flammes dans une énorme obscurité. » |