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  Rien, n’est-ce pas ?
         
Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien.
« Ne servent pas de rien », c’est le style de la Martine, la servante de cuisine des Femmes savantes, – pas Alphonse.
 
 
 

« Martine : Quand on se fait entendre, on parle toujours bien,
Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien.
Philaminte : Hé bien ! ne voilà pas encore de son style ?
Ne servent pas de rien !
Bélise : O cervelle indocile !
Faut-il qu’avec les soins qu’on prend incessamment,
On ne te puisse apprendre à parler congrûment ?
De pas mis avec rien tu fais la récidive,
Et c’est, comme on t’a dit, trop d’une négative.
Martine : Mon Dieu ! je n’avons pas étugué comme vous,
Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous. »

 
 
 
     
Rien ? Pourtant étalon, matou, moutons, ce bestiaire frissonnant dans ce froid polaire et ce rugissement continuel, ce n’est pas rien ; c’est plutôt « autre chose »…
  « Rien ? Pourtant étalon, matou, moutons, ce bestiaire frissonnant dans ce froid polaire et ce rugissement continuel, ce n’est pas rien. C’est plutôt « autre chose ». Je n’ai d’ailleurs pas tardé à me rallier à ce tremblement général : glissé sous mon énorme couette, j’ai encore entendu un bêlement déchirant, et me suis mis à claquer des dents, avec l’acquiescement à la fièvre qui se recommande là où il n’y a pas de médecin, sans savoir quelle cousine de ces pucelles m’avait filé, pendant la semaine passée sur la grande île, la paratyphoïde qui allait me faire fondre comme lard dans la poêle. »  
 
 
     
Pas même la mort, rien ne peut rompre nos rapports avec ce que nous avons aimé une fois !
  « Mes amis commencent à s’intéresser à la sculpture. Voici quelques-unes des idées que nous a inspirées ce matin la vue des statues du musée Pio Clémentin. Notre fatuité ne connaît nullement les anciens ; indécence incroyable d’un tombeau dans la cour des Studi, à Naples. Un sacrifice à Priape sur un tombeau, et de jeunes filles jouant avec le dieu ! Il y a loin de là, à l’idée d’une messe pour les morts. On voit combien la religion chrétienne dispose les âmes à l’amour-passion. Quoi ! pas même la mort, rien ne peut rompre nos rapports avec ce que nous avons aimé une fois ! »  
         
 
 
     
         
         
         
         
         
         
         

   
Molière (1622-1673), Les Femmes savantes (1672), II, vi, v. 477-486 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. ii, 1971, p. 1008.
   
N. Bouvier (1929-1998), Journal d’Aran et d’autres lieux : feuilles de route (1990), « Journal d’Aran », “Aran ii” ; Payot, « Petite bibliothèque / Voyageurs », no 155, 1993, p. 36.
   
Stendhal (1783-1842), Promenades dans Rome (1829), 19 juin 1828 ; Gallimard, « Pléiade » : Voyages en Italie, 1973, p. 884.
   
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