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  – À quoi ça sert ?
– À rien naturellement.Voilà qui ne sert strictement à rien.
 
  – À quoi servez-vous alors ?
– À rien, nous ne servons à rien : ni toi, ni moi, ni personne ni le reste.
 
 
On pourrait se poser la même question quand nous croisons des énergumènes en jogging. Pour la forme, quelle pitié ! Quant au fond, la tortue n’a peut-être pas tort : rien ne sert de courir... (L’avertissement vaut toujours pour l’opinion courante.)
         
Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien.
« Ne servent pas de rien », c’est le style de la Martine, la servante de cuisine des Femmes savantes.
 
 
 

« Martine : Quand on se fait entendre, on parle toujours bien,
Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien.

Philaminte
 : Hé bien ! ne voilà pas encore de son style ?
Ne servent pas de rien !

Bélise : O cervelle indocile !
Faut-il qu’avec les soins qu’on prend incessamment,
On ne te puisse apprendre à parler congrûment ?
De pas mis avec rien tu fais la récidive,
Et c’est, comme on t’a dit, trop d’une négative.

Martine
 : Mon Dieu ! je n’avons pas étugué comme vous,
Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous. »

 
 
 
     
Ne point consumer sa vie à pointiller sans cesse sur le Genre et l’Espèce, qui ne servent à rien
  « De quoi sert une longue et subtile dispute
Sur des obscurités où l’esprit est déçu ?
De quoi sert qu’à l’envi chacun s’en persécute,
Si Dieu jamais n’impute
De n’en avoir rien su ? |
Grande perte de temps, et plus grande faiblesse
De s’aveugler soi-même et quitter le vrai bien,
Pour consumer sa vie à pointiller sans cesse,
Sur le Genre et l’Espèce,
Qui ne servent à rien. »
 
         
La force de faire des choses qui ne servent à rien.
  « Aussi l’aventure a-t-elle des points communs avec l’art, sans être l’art lui-même. L’aventure est la façon qu’ont les natures peu artistes de participer, en quelque mesure, à la beauté ; dans beaucoup de vies non artistes, l’aventure est le seul moyen d’avoir une existence esthétique, et d’entretenir un rapport désintéressé avec l’idéal ; la saison de l’aventure est la seule saison pendant laquelle les hommes les plus sordides, et ceux là même qui ne sont capables d’être ni peintres, ni musiciens, ni poètes, auront la force de vivre dans le monde des valeurs, et de faire des choses qui ne servent à rien. »  
 
 
     
       
         
       
         
       
         
       
         
         
         
         
         
         
         
         
         

   
Molière (1622-1673), Les Femmes savantes (1672), II, vi, v. 477-486 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. ii, 1971, p. 1008.
   
P. Corneille (1606-1684), L’Imitation de Jésus-Christ (éd. 1670), I, iii, « De la doctrine de la vérité », v. 149-158 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, t. ii, 1984, p. 811-812.
   
V. Jankélévitch (1903-1985), L’aventure, l’ennui, le sérieux, chap. i : « L’Aventure », “L’aventure esthétique”, Aubier-Montaigne, « Présence et pensée », 1963, p. 30.
   
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