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Avec toi, c’est tout ou rien !
Si tout t’intéresse, la grande porte est ici. |
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« Le poète
ne regarde rien et il voit tout. » |
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« Pourquoi
ce désir d’être quelqu’un ou quelque chose ? Il n’y a que dans rien
que tout se trouve à l’aise. » |
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« À l’égard
de la mort, j’oscille sans arrêt entre le « mystère » et le « rien
du tout », entre les Pyramides et la Morgue. » |
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La nécessité d’une expérience historique n’est pas moins grande pour
un historien ; seulement, en cas d’insuffisance de ce côté-là, les
conséquences en seront plus sournoises : elles
ne se produiront pas selon la loi de tout ou rien…
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« Quand l’histoire aura
fini de s’arracher à l’optique des sources, quand le souci d’expliciter
tout ce dont elle parle (« qu’était-ce donc qu’un favori ? »)
sera passé chez elle à l’état de réflexe, les manuels d’histoire seront
très différents de ce qu’ils sont aujourd’hui : ils décriront longuement
les « structures » de telle ou telle monarchie d’Ancien Régime,
diront ce qu’était un favori, pourquoi et comment on faisait la guerre,
et ils passeront très rapidement sur le détail des guerres de Louis XIV
et sur la chute des favoris du jeune Louis XIII. Car, si l’histoire est
lutte pour la vérité, elle est également une lutte contre notre tendance
à considérer que tout va de soi. Le site de cette lutte est la topique ;
les répertoires de lieux s’enrichissent et se perfectionnent au fil des
générations d’historiens et c’est pourquoi on ne peut s’improviser historien,
pas plus qu’on ne s’improvisait orateur : il faut savoir quelles questions
se poser, savoir aussi quelles problématiques sont dépassées ; on n’écrit
pas l’histoire politique, sociale ou religieuse avec les opinions respectables,
réalistes ou avancées qu’on a sur ces matières à titre privé. Il y a des
vieilleries qu’il faut mettre au rancart, comme la psychologie des peuples
et l’invocation au génie national ; il y a surtout une foule d’idées
à acquérir ; écrire l’histoire d’une civilisation antique ne se fait
pas à l’aide de la seule culture humaniste. Si l’histoire n’a pas de méthode
(et c’est pourquoi on peut s’improviser historien), elle a une topique (et
c’est pourquoi il vaut mieux ne pas s’improviser historien). Le danger de
l’histoire est qu’elle paraît facile et ne l’est pas. Personne ne s’avise
de s’improviser physicien parce que chacun sait qu’il faut pour cela une
formation mathématique ; pour être moins spectaculaire, la nécessité
d’une expérience historique n’est pas moins grande pour un historien. Seulement,
en cas d’insuffisance de ce côté-là, les conséquences en seront plus sournoises :
elles ne se produiront pas selon la loi de tout ou rien ; le livre
d’histoire aura des taches (concepts inconsciemment anachroniques, nœuds
d’abstractions non monnayées, résidus événementiels non analysés), mais
surtout des manques : il péchera moins par ce qu’il affirme que par
ce qu’il n’a pas pensé à se demander. Car la difficulté de l’historiographie
est moins de trouver des réponses que de trouver des questions ; le
physicien est comme Œdipe : c’est le sphinx qui interroge, lui il doit
donner la bonne réponse ; l’historien est comme Perceval : le
Graal | est là, devant lui, sous ses yeux, mais ne sera à lui que s’il pense
à poser la question. » |
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« Car enfin,
qu’est-ce qu’un homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini,
un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné
de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour
lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable. » |
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« Quel est
donc ce propos qui se refuse à ce qu’on attend, au départ au moins est décevant :
qui ne prend pas position ni ne vise à dire la vérité et qui, en se prolongeant,
d’un propos à l’autre, s’accumule mais
sans progresser ? Ce « propos » de sagesse, comme
on l’appelle, est trop morcelé pour s’enchaîner, jamais il ne deviendra
discours ; et même il n’est pas sûr qu’il se complète : tous ces
dits épars ne sont pas pour autant des fragments. Car tout y semble dit
à tout moment, et il n’en est pas dit plus au moment suivant. Mais ce « tout »,
justement, parce qu’il n’est crispé par aucun désir – troublé par aucun
drame – avoisine au rien ; comme il est sans problème, ce propos est
sans prise : il ne démontre pas (ni ne révèle), il ne construit pas
non plus, on ne sait même pas s’il montre au juste, tant il n’est rehaussé
d’aucun effet, tant il se dévide à la suite, si bien serti dans ses formules,
ou qu’il parait confié en aparté, égrené au fil des jours – tant il est
discret. Rien ne résiste plus que ce propos sur lequel on glisse sans rencontrer
de résistance : tantôt trop lapidaire pour fournir en raison et servir
de leçon et, tantôt, trop anodin pour mériter la réflexion. Propos plat,
auquel on n’accroche pas – on ne peut que passer. Or, avec le suivant, on
n’est pas plus avancé. » |
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P. Claudel
(1868-1955), Journal, décembre
1925 ; Gallimard, « Pléiade », t. i, 1968, p. 699. |
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P. Claudel (1868-1955),
Journal, avril 1949 ;
Gallimard, « Pléiade », t. ii, 1969, p. 680. |
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E. Cioran (1911-1995),
De l’inconvénient d’être né
(1973), i ; Gallimard,
« Quarto » : Œuvres,
1995, p. 1282. |
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P. Veyne (1930), Comment
on écrit l’histoire (1971), IIIe partie : « Le
progrès de l’histoire », chap. x :
« L’allongement du questionnaire », “Lutte contre l’optique des
sources” ; Seuil, « Points – Histoire », H226, “Texte intégral”,
p. 296-297. |
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B. Pascal (1623-1662),
Pensées, § 185 ;
Br. 72, Laf. 199 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres
complètes, t. ii,
2000, p. 610. |
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F. Jullien (1951),
Un sage est sans idée, ou l’autre
de la philosophie (1998), I, chap. iv :
« Étalé et caché », 1 ; Seuil, « L’ordre philosophique »,
1998, p. 41. |
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