Dernière édition MMV - Équinoxe du printemps |
Ne quid nimis, ça te dit quelque chose ? |
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A la moderación en todo reduxo la sabiduría toda un sabio : un sage a compris toute la sagesse en ce précepte – « Rien de trop ». |
« Ne pas trop approfondir le bien ni le mal. Un sage a compris toute la sagesse en ce précepte : Rien de trop. Une justice trop exacte dégénère en injustice. L’orange qui est trop pressurée donne un jus amer. Dans la jouissance même, il ne faut jamais aller à une des extrémités. L’esprit même s’épuise à force de se raffiner. À vouloir tirer trop de lait, on fait venir le sang. » | ||
« Rien de trop », voilà ce qu’au xve siècle a écrit Zeami, qui est un des fondateurs du no. |
« … Une châtaigne pétant sur la braise, un grillon furibond chantant dans la farine font-ils de la musique ? | En écoutant pour la première fois celle du no, je me suis posé la question. Outre le chœur des récitants, une flûte traversière et deux tambourins en forme de sablier constituent tout l’orchestre. Lorsque le livret l’exige, on ajoute un tambour plus gros. Il faut voir ces deux tambourinaires, leur instrument posé sur l’épaule ou sur les genoux : au prix d’un grand effort, la main droite se détache de la peau, les doigts se crispent, la pomme d’Adam monte et descend, toute l’attitude suggère une tension intolérable qui se défait en un faible gémissement. Puis la main retombe, mais ce n’est pas à tout les coups qu’elle frappe, et quand elle frappe c’est faiblement, avec des doigts de laine. « Rien de trop », voilà ce qu’au xve siècle a écrit Zeami, qui est un des fondateurs du no. Parfois un cri presque animal, une sorte de « yoooup ! » étranglé, précède le son du tambour. Ce mélange incongru ne fait pourtant pas rire. Le plus étonnant est que ces musiciens aux allures de suppliciés, ces récitants immobiles, doigts serrés sur l’éventail, qui vous décochent par rafales un texte que je ne comprends pas, cette musique si lente, si péniblement arrachée, possède un tel pouvoir incantatoire, une magie si souveraine que l’auditeur étranger, à peine revenu de sa stupeur, est proprement « emballé », emporté par plus fort que lui dans l’espace nocturne et raréfié du no. » | ||
Qui cherche trop ne trouve rien… |
« Qui cherche trop ne trouve rien. Il faut trouver d’abord et chercher après. C’est ce que j’appelle recevoir un ordre et se mettre ensuite à ses ordres. » | ||
B. Gracián (1601-1658), Oráculo manual y Arte de prudencia (1647), § 82 : Nunca apurar, ni el mal, ni el bien. A la moderación en todo reduxo la sabiduría toda un sabio. El sumo derecho se haze tuerto, y la naranja que mucho se estruja llega a dar lo amargo. Aun en la fruición nunca se ha de llegar a los extremos. El mismo ingenio se agota si se apura, y sacara sangre por leche el que esquilmare a lo tirano. – trad. Amelot de La Houssaie (1634-1706) : L’Homme de cour, 1684. | |
N. Bouvier (1929-1998), Chronique japonaise (1975), I, ix : « Le cahier gris », Kyoto, avril 1964 (à un spectacle de no de l’école Kongo) ; Payot, « Petite bibliothèque / Voyageurs », no 53, 1991, p. 84-85. | |
J. Cocteau (1889-1963), Le passé défini : journal, avril 1954 ; Gallimard, « NRF », t. iii, 1989, p. 101. | |