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Dernière édition MMV - Équinoxe du printemps  
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  Tu sais, il suffit parfois d’un rien.
       
Ce né désenchanté peut s’enchanter d’un rien
  « En latin, le deceptor est le trompeur (le malin génie de Descartes). En langue anglaise, to deceive : leurrer, tromper. Tromper l’attente de l’autre. Cette femme qui se dit perpétuellement déçue – dans ses amours, dans son travail – s’ingénie à décevoir. Alors ce sont les hommes – « ils sont sûrs d’eux, pour qui se prennent-ils ? » – qui s’inquiètent : « Mais qu’est-ce qui me manque pour qu’elle aille toujours voir ailleurs ? » |
Faudrait-il pour ne pas être déçu ne rien attendre ? Être né sans illusions pour être assuré de ne pas en perdre ? Être, à l’origine, déjà désenchanté ? C’est souvent ce que je me dis de R qui n’oublie jamais que tout est mortel, qui prend les choses comme elles viennent, ne s’indigne guère et ne se plaint jamais. Ce né désenchanté peut s’enchanter d’un rien : un reflet du ciel dans l’eau d’un étang, un chien qui lui fait fête et surtout, surtout, les jambes élancées, ou la naissance des seins d’une femme croisée dans la rue.
Si nos mères n’étaient pas décevantes, nous ne recevrions rien de ce que, par surprise, offre la vie. »
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       

 

   
J.-B. Pontalis, Fenêtres, « Déçus et décevantes », Gallimard, « NRF », 2000, p. 57-58.
   

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