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Les vrais voluptueux vivent de rien.
  « Que les vrais voluptueux vivent de rien. L’argent, c’est le désert, la mort, la dispersion, la poussière. »  
         
Ce rien où toute vie prend naissance et s’efface, avec la grâce déchirante de l’éphémère…
  « Pour moi, ayant renoncé à toute quête d’une transcendance quelconque, cherchant ce qui est autre dans ce qui semble le même, et l’inconnu dans le plus proche, il ne s’agit que d’une seule idée fixe : coller mon oreille à la terre, non pas pour la « connaître », mais pour imiter le roulement lointain des choses. |
Comme ces prétendus « sauvages » que découvrirent autrefois d’hypocrites et cruels explorateurs lorsqu’ils partirent, en fait, à la conquête de nouveaux esclaves et de nouveaux suppliciés, je ne perçois ce qui est, que par le moyen d’un rite irrémédiablement corporel, qui se sert des vocables comme s’ils étaient les gestes d’une danse sacrée, dans la répétition démente et le battement des tam-tams. Jusqu’au vertige, jusqu’à l’ivresse de l’être fasciné par le Rien – ce rien où toute vie prend naissance et s’efface, avec la grâce déchirante de l’éphémère : une poignée de jours en flammes dans une énorme obscurité. »
 
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         

   
P. Morand (1888-1976), Journal inutile, 19 janvier 1970 ; Gallimard, « Les cahiers de la n.r.f. », t. i, 2001, p. 344.
   
J. Tardieu (1903-1995), Obscurité du jour (1974), « Ce qui n’a pas encore de nom » ; Gallimard, « Quarto » : Œuvres, 2003, p. 1046-1047.
   
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