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  Christianismes  
 
 
     
         
La condamnation chrétienne du théâtre : immoral !
  « Il y avait à Rome une morale coutumière, qui était la morale de tout le monde. Avec le christianisme, je vous l’ai dit, la morale est ordonnée par Dieu (et non par la coutume). C’est ce dernier qui édicte des règles absolues qui ne connaissent pas de dérogations. La morale chrétienne ne consiste pas à enseigner ce qui se fait, mais à faire ce que Dieu veut. Dieu a dit : « Tu ne tueras point » et sa volonté | divine ne saurait admettre d’exception consacrée par une coutume humaine, tels les combats de gladiateurs.
De plus, c’est une morale intériorisée. Convoiter en secret la femme de son prochain, est en soi déjà un péché. C’est une morale de la pureté du cœur, et cela est nouveau. Les païens ont mis du temps à comprendre en quoi le spectacle des gladiateurs était un mal : en quoi regarder, sans rien faire, peut-il être condamnable ? Ce que le christianisme introduit de nouveau, ce sont les scrupules de conscience.
Autre innovation : le christianisme impose une morale ascétique. Certes, il existait auparavant un discours qui s’en approchait : il était digne d’un citoyen de savoir résister à ses désirs, de réussir à réprimer ses pulsions. Mais il s’agissait là d’un idéal civique, qui indiquait comment se conduire en homme digne de ce nom : fort, vertueux, maître de soi. Dans le discours des chrétiens, le plaisir est désormais considéré par lui-même comme un mal, car il est une dissipation contraire au nouvel idéal d’un moi unifié et sérieux qui, loin de se dissiper, ne se soucie que de son salut éternel.
C’est pour cette raison que, dès le début, les évêques condamnent tous les spectacles, le théâtre immoral, les gladiateurs, mais aussi les innocentes courses de cirque, où l’on se passionnait pour des futilités. »
 
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         

   
P. Veyne (1930-…), « Ce que le christianisme a changé », propos recueillis par Juliette Rigondet, pour L’histoire, no 302, octobre 2005, p. 94-95.
   
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