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Dernière édition MMV - Ours - Minuit  
Comédien  
       
 

 

       
Le véritable comédien nous donne l’illusion d’improviser son texte : si nous l’obligeons à un contrôle excessif, le somnambule se réveille et tombe.
  « Toute œuvre doit attendre le recul qui nous permet de nous rendre compte si elle correspond à ce que nous attendions d’elle. Or, il me fallait écrire vite l’Impromptu pour que les Comédiens-Français le répétassent avant le voyage au Japon. J’ai eu tort de la publier. Le recul m’a prouvé qu’il fallait présenter à Paris une version différente. Un divertissement doit divertir, et ne pas contraindre le public à résoudre des problèmes, à sauter continuellement et brutalement d’un siècle à l’autre, du comédien au personnage qu’il simule. L’essentiel demeure, mais je me suis efforcé de le rendre plus intelligible, de ne pas exiger du spectateur des connaissances qu’il n’est pas obligé d’avoir, bref, de permettre aux artistes de jouer un jeu comme celui que les enfants jouent, en équilibre entre ce qu’ils sont et ce qu’ils imaginent.
Gide disait de Thomas l’imposteur : « C’est un enfant qui, à force de jouer au cheval, devient cheval. » Et j’estime, comme Jouvet, que le véritable comédien nous donne l’illusion d’improviser son texte. Si nous l’obligeons à un contrôle excessif, le somnambule se réveille et tombe. »
       
Comédien, qui fait comme si...
  « Le voleur est un comédien. Fait comme si la chose lui appartenait. »
       
Pour lire l’homme, il faut d’abord épeler des expressions grandes, appuyées et distinctes – le visage des comédiens.
  « On commence à lire par les majuscules.
Pour lire l’homme, il faut d’abord épeler des expressions grandes, appuyées et distinctes – le visage des comédiens. »
       
L’art du comédien : importance de la lenteur.
  « Samedi 19 [décembre] à Marigny. J[ean]-L[ouis] B[arrault] qui nous mime à lui tout seul la pièce de Cevantès Numance. Je n’entends rien et je m’ennuie. J[ean]-L[ouis] B[arrault] comprend l’importance du geste auquel doit participer le corps entier. Mais il n’a pas réfléchi au sens de chaque mouvement et il se livre au petit bonheur à l’inspiration q[ui] aboutit la plupart du temps à la trépidation comédienne des avant-bras, cette fois élargie à tout le corps. Il y a des bons moments, mais toute son éducation mimique est à refaire. Il faudrait qu’il voie les nôs. Importance de la lenteur. »
       
     
       
 
   
       
       

 

   
J. Cocteau (1889-1963), L’Impromptu du Palais-Royal (1962), « Préface de la nouvelle version » ; Gallimard, « Pléiade » : Théâtre complet, 2003, p. 1263.
   
P. Valéry (1871-1945), Tel quel, II, « Suite », “Analogie” ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres, t. ii, 1960, p. 757.
   
J. Prévost (1901-1944), Les caractères, chap. vi : « Spectacles », Albin Michel, « La Nef », 1948, p. 118.
   
P. Claudel (1868-1955), Journal, 19 décembre 1953 ; Gallimard, « Pléiade », t. ii, 1969, p. 851.
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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