Dernière édition MMV - Ours - Minuit |
|
|||
Étymologie. |
« Lat. declamare, de de, et clamare, crier (voy. Clameur). » | ||
Réciter à haute voix en donnant aux mots et aux phrases toutes les intonations exigées par l’accent grammatical et l’accent oratoire… |
« 1o) Réciter à haute voix
en donnant aux mots et aux phrases toutes les intonations exigées par
l’accent grammatical et l’accent oratoire. Déclamer
un discours. Il a déclamé
son rôle avec âme. 2o) Parler avec violence contre quelqu’un, contre quelque chose. 3o) Se déclamer, v. réfl. être déclamé. Morceau qui se déclame très bien. » |
||
Déclamer : réciter en public, ou sur un théâtre, quelque discours, quelques vers en comédien ou en orateur. |
« Déclamer : réciter en public,
ou sur un théâtre quelque discours, quelques vers en comédien, ou en orateur.
Cet acteur déclame bien les vers, mais il n’entre pas dans les passions.
Ce prédicateur sait bien déclamer,
mais ne sait pas émouvoir. Déclamer signifie aussi : parler avec emportement contre quelqu’un, ou contre ses défauts. Les dévotes sont sujettes à déclamer contre les coquettes, elles les déchirent en toutes les compagnies. On souffre qu’un homme déclame en général contre les vices, mais il ne faut pas qu’il déclame contre les personnes. » |
||
De nombreux poètes ont déclamé sur l’insensibilité de la nature qui ne se soucie ni de nos joies, ni de nos peines. Peut-on imaginer un grief aussi grotesque ? |
« Le but de la poésie n’est pas, comme
dit Baudelaire, de plonger « au fond de l’Infini pour trouver du
nouveau », mais au fond du défini pour y trouver de l’inépuisable.
C’est cette poésie qui est celle de Dante. Considérons par contraste quelques-uns de ces thèmes que la poésie du xixe siècle a cru découvrir, et dont l’inspiration a rempli maints tomes déjà poudreux. Nous trouvons qu’ils ne composent pas, qu’ils ne s’arrangent pas avec l’ensemble de la réalité. Ils ressemblent à ce point de vue aux hérésies. Et comme les livres ne détruisent pas la réalité, c’est eux qui sont détruits. Prenons, par exemple, le thème de la révolte et du blasphème, qui, de Byron à Leconte de Lisle, a fourni à tant d’éloquentes déclamations. Ces injures lancées dans le vide ont quelque chose de puéril et ne nous font vraiment aucun bien. Elles font de nous des espèces de proscrits à l’intérieur, des retranchés de cette grande paix dont il nous a plu de nous exclure nous-mêmes, mais sur laquelle le soleil ne cessera pas à cause de notre bouderie de se lever et de se coucher. Encore : de nombreux poètes ont déclamé sur l’insensibilité de la nature qui ne se soucie ni de nos joies, ni de nos peines. Peut-on imaginer un grief aussi grotesque ? S’attend-on vraiment à ce que nos joies fassent reverdir les potagers et à ce que nos larmes influent sur la dépression barométrique ? Comme l’a dit profondément Chesterton, la nature n’est pas notre mère, c’est notre sœur. » |
||
|
|||
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Déclamer », “Étymologie”. | |
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Déclamer ». | |
A. Furetière (1619-1688), Dictionnaire universel (1690), s.v. « Déclamer ». | |
P. Claudel (1868-1955), Accompagnements, « Introduction à un poème sur Dante » (1921), II ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres en prose, 1965, p. 424. | |