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Dernière édition MMV - Ours - Minuit  
Double  
       
 

Le double est un thème littéraire et philosophique infiniment varié.

       
Le double au théâtre.
  Le théâtre permet d’exploiter abondamment le thème du Même et de l’Autre : par sa nature d’art de la représentation, il montre toujours l’acteur et son personnage ; le monde représenté et ses représentation ; les signes à la fois référentiels (ils imitent le monde ou le disent) et auto-référentiels (ils renvoient à eux-mêmes comme tout objet esthétique).
Le double parfait se manifeste dans la figure du sosie, avec tous les malentendus comiques qui s’en suivent (Plaute, Molière). Le double est d’ordinaire un frère ennemi (Racine, La Thébaïde), un alter ego (Méphisto pour Faust), un exécutant de basses besognes (Œnone pour Phèdre, Dubois pour Dorante dans Les Fausses confidences de Marivaux), un complice (Sganarelle pour Don Juan), un partenaire ou une projection de soi pour le dialogue (Rodrigue, fils et amant dans Le Cid).
       
Si le théâtre double la vie, la vie double le vrai théâtre, – et ça n’a rien à voir avec les idées d’Oscar Wilde sur l’art…
  À la fin du mois de janvier 1936, Antonin Artaud est à bord du paquebot qui le conduit à La Havane, – où il fera escale avant le Mexique. Il trouve alors le titre du livre qu’il a confié à Jean Paulhan avant de partir.
    « Je crois que j’ai trouvé pour mon livre le titre qui convient. Ce sera : Le Théâtre et son Double. Car si le théâtre double la vie, la vie double le vrai théâtre, – et ça n’a rien à voir avec les idées d’Oscar Wilde sur l’art. Ce titre répondra à tous les doubles du théâtre que j’ai cru trouver depuis tant d’années : la métaphysique, la peste, la cruauté, le réservoir d’énergies que constituent les Mythes, que les hommes n’incarnent plus, le théâtre les incarne. Et par ce double, j’entends le grand agent magique dont le théâtre par ses formes n’est que la figuration, en attendant qu’il en devienne la transfiguration.
C’est sur la scène que se reconstitue l’union de la pensée, du geste, de l’acte. Et le Double du Théâtre, c’est le réel inutilisé par les hommes de maintenant. »
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
A. Artaud (1896-1948), Lettres, à Jean Paulhan, 25 janvier 1936 ; Gallimard, « Quarto » : Œuvres, 2004, p. 662.
   
 
   
 
   
 
   
 
   
 
   
   
   
   
   

 

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