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Dernière édition MMV - Ovrs - Minuit | |
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Effet |
Au théâtre, comme sur un cours de tennis ou dans une pharmacie, on
observe divers effets, qu’on peut distinguer en trois sortes :
par exemple, on oppose l’effet théâtral à l’effet de
réel, ou celui-ci à l’effet d’étrangeté. |
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Au théâtre, on vise à l’effet. |
« Au théâtre, on vise à l’effet ; mais ce qui distingue le bon et le mauvais poète, c’est que le premier veut faire effet par des moyens raisonnables ; et, pour le second, tous les moyens sont excellents. Il en est de cela comme des honnêtes gens et des fripons, qui veulent également faire fortune : les premiers n’emploient que des moyens honnêtes, et les autres toutes sortes de moyens. » | ||
L’effet de réel. |
L’expression « effet de réel » est empruntée à un article de Roland Barthes, qui analyse ce procédé en littérature. | ||
En littérature comme au cinéma ou au théâtre,
on parle d’effet de réel ou d’impression de réel lorsqu’on
a le sentiment d’assister à l’événement présenté, d’être transporté dans
la réalité symbolique et de se trouver confronté non pas à une fiction
artistique, mais à une représentation aussi « vraie » que nature. Au théâtre, la mise en scène naturaliste repose sur l’illusion et l’identification. Elle produit des effets de réel par transparence, en effaçant totalement le travail d’élaboration du sens par l’utilisation des différents matériaux scéniques, selon l’exigence d’une œuvre qui ne doit rien révéler de l’échafaudage nécessaire à sa construction. Les signifiants sont alors confondus avec le référent de ces signes. Le spectateur ne perçoit plus la pièce comme discours et écriture sur le réel, mais comme le reflet direct de ce réel. Outre le plaisir de l’identification produit pour le spectateur, l’effet de réel rassure aussi sur le monde représenté, puisqu’il ressemble parfaitement à nos propres schémas représentatifs, que nous croyons naturels et universels. |
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L’effet d’étrangeté. |
Ce qu’au théâtre on appelle « effet d’étrangeté »
(alienation effect, en
anglais ; Verfremdungseffekt,
dans l’allemand de Brecht) contraste avec « l’effet de réel ». Dans l’effet d’étrangeté, l’objet montré n’est pas tant imité que mis à distance par son apparence inhabituelle et par la référence explicite à son caractère artificiel et artistique. Dans l’esthétique de la réception, la catégorie de l’étrange ne se distingue pas toujours aisément d’autres impressions similaires, comme l’insolite, le bizarre, le curieux ou le merveilleux. Cette ambiguïté apparaît bien dans le mot allemand das Unheimliche, « l’étrangement inquiétant » ou « l’inquiétante étrangeté ». |
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Chamfort (1742-1794), Maximes et pensées, chap. I : « Maximes générales », § 16 ; Vialetay Éditeur, « Prestige de l’Académie Française », Paris, 1970, p. 10. | |
R. Barthes (1915-1980), « L’effet de réel », article paru dans Communications, no 11, mars 1968 ; Seuil : Œuvres complètes, t. ii, 1994, p. 479-484. | |