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Dernière édition MMV - Ours - Minuit  
Fiasco  
       
  L’idée de fiasco n’est pas étrangère au théâtre. Elle nous rapproche du four.
  Le terme fiasco apparaît dans la langue française au début du xixe siècle – sous la plume de Stendhal.
Un fiasco désigne, en général, un échec complet, et si l’échec est public, l’effet du fiasco est assez cuisant. C’est le cas en particulier lorsqu’il s’agit d’un échec en amour. De ce point de vue, la parenté étymologique entre fiasque et flasque n’est pas qu’une apparence.
 

L’expression du fiasco est souvent utilisée dans le domaine des arts et dans la société du spectacle : l’insuccès manifeste d’une œuvre correspond alors à un bide ou à un four.

       
Faire fiasco.
  « Mot italien usité dans cette locution : Faire fiasco, échouer complètement. Le fiasco qu’il a fait est complet. On dit aussi : C’est un véritable fiasco, un fiasco complet. »
       
Faire fiasco, c’est-à-dire faire bouteille.
  Malgré l’avis prudent de Littré, – selon lequel « l’italien ne paraît pas avoir fare fiasco » – le français faire fiasco est tiré de l’expression italienne fare fiasco, « essuyer un échec ».
  Dans une remarque supplémentaire de Littré, on trouve un commencement d’explication.
    « Un journal américain, The Home journal, de New-York, 22 sept. 1875, explique ainsi comment faire fiasco, c’est-à-dire faire bouteille, a pris le sens d’échouer, ne pas réussir : Nous avons emprunté cette locution aux souffleurs de verre de Venise, qui essayent de faire un verre ; s’ils manquent leur coup, ils jettent le même paquet de sable dans un fiasco, et leur impatiente répétition de fiasco donna un nouveau sens à ce mot. »
  Il se trouve néanmoins qu’au début du xixe siècle, les Italiens disaient fare fiasco en parlant d’une pièce de théâtre : le fiasco des gens du théâtre rendait le français « bouteille » (fiasque). Dans le jargon de l’époque, les Français parlaient de « bouteille » comme qui dirait une bourde, – façon de désigner les fautes de langage commises par les comédiens italiens qui se produisaient en France.
       
Flacon, fiasque, fiasco.
  Fiasco est un mot italien « dont le radical est le même que celui de flacon ».
C’est une ancienne unité de mesure en usage dans l’Italie de la Renaissance. Qu’est-ce qu’une fiasque ? Une bouteille remarquable par sa forme, jadis aplatie, depuis à col long et mince, à panse renflée, garnie de paille, employée pour contenir du vin. Boire son fiasco de Chianti, c’est boire une bouteille de vin (fiasque).
       
Faire un fiasco.
 

On entend dire : faire fiasco ou faire un fiasco – les deux se disent. Dans la langue populaire, on entend dire aussi : faire un fiasco à quelqu’un, lorsqu’on n’a pas respecté un rendez-vous (c’est-à-dire : poser un lapin), ou qu’on a failli à sa parole.

       
On s’accommode tant bien que mal de n’importe quel fiasco
  « On s’accommode tant bien que mal de n’importe quel fiasco, à l’exception de la mort, du fiasco même. »
       
La variété la plus étrange et la plus naturelle du fiasco.
  « La mort est la variété la plus étrange – et la plus naturelle à la fois – du fiasco, de l’insuccès, de l’échec. Il n’y a pas de four plus complet que la mort. »
       

 

   
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Fiasco ».
   
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Fiasco », “Étymologie”.
   
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Fiasco », “Étymologie”.
   
É. Littré (1801-1881), Dictionnaire de la langue française, s.v. « Fiasco », “Étymologie”.
   
E. Cioran (1911-1995), Aveux et anathèmes (1987), « Cette néfaste clairvoyance » ; Gallimard, « Quarto » : Œuvres, 1995, p. 1721.
   
E. Cioran (1911-1995), Cahiers (1957-1972), mi-avril 1969 ; Gallimard, « N.R.F. », 1997, p. 712.
   
   
   
   
   

 

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