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  Tirade  

 

  Une tirade est une réplique d’un personnage au théâtre, et plus particulièrement dans la tragédie.
La tirade est souvent longue et véhémente. Sa composition rhétorique s’organise en une suite de propositions, de questions, d’arguments ou de bons mots – comme la « tirade des nez » dans Cyrano de Bergerac.
La tirade est fréquente en dramaturgie classique, lorsque le texte est réparti en discours assez longs et autonomes, formant presque une suite de monologues.
 
 
     
Les beaux esprits ont quelquefois des saillies ingénieuses, qui leur font faire de belles tirades
  « Saillie se dit figurément en choses spirituelles. Les beaux esprits ont quelquefois des saillies ingénieuses, qui leur font faire de belles tirades. Les fous ont quelquefois des saillies de fureur, qui leur font faire des extravagances. Plusieurs poètes ne réussissent que dans leurs boutades et saillies. »  
         
L’artiste en question avait mis au point une tirade à succès qui lui permettait de payer son écot en société…
 

« Or donc, en 1955, je quitte la rue d’Ulm pour Rome et le palais Farnèse. Ici, j’ai envie de m’étendre et de m’écouter parler. Parlons donc de petites amours très profanes.
Car, à Rome, il y eut des épisodes amusants. Je ne sais trop où, sans doute à la Villa Médicis, j’avais fait la connaissance d’un artiste aujourd’hui célèbre qui avait jeté son dévolu sur ma jeune personne pour égayer son séjour romain. J’y vis un grand privilège : voir enfin de mes yeux comment étaient faits ces grands hommes dont, depuis quinze ans, j’étudiais, dans les livres, la vie et les œuvres. Songez que je n’avais que vingt-cinq ans et que je sortais à peine de ce séminaire laïque qu’est la rue d’Ulm.
L’artiste en question avait mis au point une tirade à succès qui lui permettait de payer son écot en société : il disait comment, en Italie du Nord (notez ce détail), il fréquentait les casini. C’étaient, racontait-il, de larges et miteux salons où chacun venait faire un tour à la sortie des bureaux, pour boire un verre et lorgner les filles qui étaient assises le long des murs ; de temps à autre, un client disparaissait | discrètement avec l’une d’elles par un étroit escalier du paradis. Ce que mon compagnon ne disait ni ne démentait était que lui-même se gardait bien d’emprunter jamais cet escalier ; aussi bien son épouse écoutait-elle, imperturbable et souriante, la tirade maritale : elle savait. »

 
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
     

   
A. Furetière (1619-1688), Dictionnaire universel (1690), s.v. « Saillie ».
   
P. Veyne (1930), Le Quotidien et l’intéressant : entretiens avec Catherine Darbo-Peschanski, « Libre parcours », Les Belles lettres, 1995, p. 21-22.
   
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