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Dernière édition MMV - Ours - Minuit  
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On s’était imaginé que l’enfermement, la rupture avec le milieu, la solitude, la réflexion, le travail obligatoire, la surveillance continuelle, les exhortations morales et religieuses conduiraient les condamnés à s’amender : cent cinquante ans d’échec ne donnent pas au système pénitentiaire un titre pour demander qu’on lui fasse encore confiance…
  « – Les faits publiés dans les brochures du Groupe <G.I.P.> – locaux pourris, sévices sadiques, mépris répété des prescriptions médicales, châtiments illicites avec, ensuite, administration de tranquillisants, etc. – ,sont en opposition choquante avec les intentions du législateur français, qui formulait, dès 1945, dans la réforme du droit pénitentiaire : « La peine de privation de liberté a pour but essentiel l’amélioration et la réinsertion du condamné. » Êtes-vous d’accord avec cette conception ? Et pourquoi, à votre avis, n’a-t-elle pas été réalisée jusqu’à présent ?
– Cette phrase, que les magistrats français citent à présent avec tant de déférence, a été formulée dans les mêmes termes il y a plus de cent cinquante ans. Quand on a mis en place les prisons, c’était pour en faire des instruments de réforme. Cela a échoué. On s’était imaginé que l’enfermement, la rupture avec le milieu, la solitude, la réflexion, le travail obligatoire, la surveillance continuelle, les exhortations morales et religieuses conduiraient les condamnés à s’amender. Cent cinquante ans d’échec ne donnent pas au système pénitentiaire un titre pour demander qu’on lui fasse encore confiance. Cette phrase a été trop souvent répétée pour qu’on lui accorde encore le moindre crédit. »
       
       
       

 

   
M. Foucault (1926-1984), « Prisons et révoltes dans les prisons », entretien avec B. Morawe, juin 1973 ; Gallimard, « Quarto » : Dits et écrits, t. i, 2001, p. 1297.
   

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