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Dernière édition MMIV Dé 21 - Minuit  
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Socrate / Prison / Menu / Seuil ‡‡ Tour de prison
       
  Condamné à mort, Socrate a rendu l’âme en prison, après avoir bu, un soir, une dose de ciguë.
Il fut impliqué en 399 dans un procès intenté par trois citoyens de la démocratie athénienne. Ces bonnes consciences d’Athènes réussir à charger un philosophe âgé de 70 ans d’une triple accusation : "impiété", "importation de divinités nouvelles" et "corruption de jeunes gens". Il avait le tort impardonnable de n’être pas tout à fait comme les autres, demandant par exemple que la justice fut juste, et que chacun réponde de soi, sans dire n’importe quoi. Sur l’agora, il faisait tâche. Il mouchait les beaux parleurs et empêchait les experts de penser en rond, tannant monsieur-tout-le-monde et réduisant à quia monsieur-je-sais-tout. Un taon, quand il pique, on l’écrase : Socrate, lui, fut liquidé dans les formes. Sacripant, va !
       
Ce qu’on lui reprochait.
  « Anytus et Mélétus en accusant Socrate de « corrompre la jeunesse » ne pensaient pas du tout à ses mœurs ; les textes sur ce point sont formels, et conseiller aux étudiants d’éviter cette erreur d’interprétation, qui est le résultat de nos mœurs à nous, est un lieu commun des professeurs de philosophie grecque. Ce qu’on lui reprochait était de corrompre les jeunes en les détournant des dieux et des lois de la cité, et c’est pour répondre à cette attaque, et non à d’autres, que Platon a écrit l’Apologie. »
       
La veille de sa mort, Socrate priait, dans sa prison, je ne sais quel musicien de lui enseigner un air sur la lyre
  « La vie est courte et l’Art long ! Et puis, à quoi bon ? N’importe, « il faut cultiver notre jardin ». La veille de sa mort, Socrate priait, dans sa prison, je ne sais quel musicien de lui enseigner un air sur la lyre : « À quoi bon, dit l’autre, puisque tu vas mourir ? – À le savoir avant de mourir », répondit Socrate. Voilà une des choses les plus hautes en morale que je connaisse et j’aimerais mieux l’avoir dite que d’avoir pris Sébastopol. »
       
     
       
     
       
     
       
 
   
       
       

 

   
M. Yourcenar (1903-1987), Lettres à ses amis et à quelques autres (1909-1987), à Suzanne Lilar, 19 mai 1963 ; Gallimard, « NRF », 1995, p. 184.
   
G. Flaubert (1821-1880), Lettre, à Ernest Feydeau, Croisset, 29 novembre 1859 ; Gallimard, « Pléiade » : Correspondance, t. iii, 1991, p. 60.
   

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