Retour au menu
Dernière édition MMV - Équinoxe du printemps  
Retour à rien‡‡ Seuil / Menu / Rien /
/ Rien / MenuSeuil ‡‡ Vers rien
       
 

La notion de «  » appartient au bouddhisme zen.

       
Les mystiques chrétiens connaissaient bien l’importance de , de ce rien qui est tout...
  « , c’est l’une des plus grandes clés du zen, c’est pourquoi il ne faut pas en parler beaucoup. On traduit ce terme, qui vient du sanscrit shunyâtâ, par « vide », qui est mauvais, ou « vacuité », qui l’est un peu moins. Et les néophytes qui ont généralement beaucoup lu, pensent que le zen consiste à « faire le vide en soi ». Ils ont à la fois raison et tort, et tant qu’ils n’auront pas fait, eux-mêmes, l’expérience de par une longue pratique de zazen, il ne sera pas possible de les détromper.
, c’est bien le vide, dans le sens ou, par exemple, un appartement vide est un appartement « vacant », c’est-à-dire qui est tout prêt à être occupé. Mais le vide de ne signifie pas seulement « absence d’occupant » : un appartement inoccupé n’est pas forcément un appartement vacant. L’esprit de «  », c’est le véritable esprit des vacances.
, ce n’est pas un vide négatif où il n’y a rien, ce n’est pas un vide statique, immuable et figé. C’est un vide positif, dynamique, qui aspire et appelle avec une immense énergie la plénitude. Le vide de «  », c’est la plénitude en puissance. C’est par la pratique de zazen que l’on réalise cet état de , qui est disponibilité parfaite et totale.
Ce qui complique les choses, apparemment, c’est qu’il faut bien se garder de s’attacher à réaliser en soi, « faire le vide en soi » comme on dit souvent.
« Chers adeptes, disait Houei-Neng, patriarche du Zen chinois, quand vous m’entendez parler du vide, je vous prie de ne pas vous attacher au terme vide. Il est essentiel de ne pas s’attacher au | vide, car, si vous vous asseyez en zazen l’esprit vide, vous tomberez dans une morne apathie. »
Les mystiques chrétiens connaissaient bien l’importance de , de ce rien qui est tout.
« Aucun récipient ne peut contenir deux sortes de boisson. S’il doit contenir du vin, il faut nécessairement qu’on enlève l’eau. Il faut qu’il soit nu et vide… Être dépouillé, pauvre, ne rien avoir, être vide, transforme la nature. Le vide fait monter l’eau au sommet des montagnes… » (Maître Eckart.)
« Si tu savais t’anéantir parfaitement et te vider de tout ton amour des créatures, il m’appartiendrait alors de me répandre en toi avec une grâce abondante. » (Imitation de Jésus-Christ, xlii.)
Et c’est l’enseignement de que le Christ donnait sur la montagne lorsqu’il disait : « Bienheureux les pauvres en esprit ! »
Quand, par la pratique de zazen, vous aurez fait par vous-mêmes l’expérience de , vous comprendrez non seulement le sermon sur la montagne, mais beaucoup de choses encore. »
       

 

   
C. Durix, Cent clés pour comprendre le Zen, 57, « Kû (vacuité) » ; Le courrier du livre, 1976, p. 211-212.
   

 

En haut de page