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Dernière édition MMVI - Ovrs - Minuit | ![]() |
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Clef |
Clé de sol,
clé de voûte, clé des champs… Dans le système de la prison, un surveillant met son point d’honneur à ne pas être un vulgaire « porte-clef ». Cette synecdoque de la partie (la porte et la clef) pour le tout est-elle trop réductrice ou trop humaine ? |
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Clef de chef. |
Attributs du pouvoir, les clefs ne traînent pas dans toutes les
mains. Les chefs les détiennent (en souvenir de quoi, il vaut
mieux écrire clef que clé) ; ils auraient,
à ce qu’on croit, toutes les clefs : encore une fois, on ne
prête qu’aux riches ! |
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Judéo-christianisme. |
La tradition judéo-chrétienne fait référence aux clés du Royaume dans plusieurs occurrences, tandis que les clés de saint Pierre désigne l’autorité du Saint Siège, le pape apparaissant comme le successeur de saint Pierre. | |||
La clé de David : s’il ouvre, personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira… |
« Je mettrai la clé de
la maison de David sur son épaule, S’il ouvre, personne ne fermera, S’il ferme, personne n’ouvrira. Et je l’enfoncerai comme un clou en un lieu solide ; Il deviendra un trône de gloire Pour la maison de son père. » |
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Dans l’Apocalypse, lorsque il apparaît dans sa gloire éblouissante à son disciple Jean, exilé à Patmos, l’Alpha et l’Omega – le Premier et le Dernier – lui commande d’écrire ce qu’il a vu aux Églises d’Asie : | ||||
La clé de la Mort et de l’Enfer. |
« Ainsi parle le Saint, le Vrai, celui qui détient la clef de David : s’il ouvre, nul ne fermera, et s’il ferme, nul n’ouvrira. » | |||
Jésus-Christ se présente avec la clef de la Mort et de l'Hadès (Il est le Vivant). |
« Je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès » | |||
Arrivé dans la région de Césarée, Jésus est reconnu par Simon-Pierre comme le Christ, le fils du Dieu vivant : par cette profession de foi, le fils de Jonas reçoit le nom de Pierre et Jésus-Christ lui donne les clefs du Royaume des Cieux encerclé de murailles. |
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Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux... |
« Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » | |||
Jésus-Christ reproche aux juristes d’avoir détenu sans partage les clés de la connaissance du Royaume : alors qu’ils en disposaient, ils n’en ont fait aucun usage pour eux-mêmes, et les ont confisqué à ceux qui en avaient besoin. |
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La clé de la science. |
« Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clé de la science ! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés ! » | |||
Qui tient pour nous les clefs du Paradis ? |
« Sartre dit : l’Enfer, c’est les autres. Et moi je dis : Notre Paradis, c’est le prochain, puisque c’est lui qui tient pour nous les clefs du Paradis. » | |||
Nous n’avons pas les clés du monde, alors je tâtonne avec mon trousseau pour tenter d’ouvrir la serrure : j’essaye toutes les clés que je peux trouver, j’essaye des passe-partout, j’essaye de crocheter comme un voleur et même d’enfoncer la porte… |
« Nous n’avons pas les
clés du monde. Alors je tâtonne avec mon trousseau pour tenter d’ouvrir
la serrure, j’essaye toutes les clés que je peux trouver, j’essaye des passe-partout,
j’essaye de crocheter comme un voleur et même d’enfoncer la porte, bien
que j’aie peu de force. Maintenant, avec les années, je préfère détourner le regard de cette serrure inviolable, m’asseoir et rêver, ou me persuader qu’on peut vivre ici une vraie vie sans savoir ce qu’il y a derrière la porte (mais parfois on croit entendre un chant si sublime qu’il vous dégoûte et détourne de nos petites musiques et baroufs et bavardages, et parfois on croit entendre des cris si déchirants qu’on voudrait toutes affaires cessantes aller au secours de ces suppliciés), mais bon, on veut vérifier tout de même de temps en temps si la porte ne s’est pas ouverte, ou si on n’a pas négligé une clé, parfois même on forge une nouvelle clé, et il faut l’essayer. Toutes ces clés – qu’il m’a fallu recueillir ici ou là ou emprunter – n’ont pas fait de moi un serrurier professionnel, je ne sais pas forger des clés ni même forcer les serrures comme un voleur professionnel, je ne saurais pas ouvrir un coffre-fort, non, je suis seulement une sorte de vagabond qui traîne ici ou là, au gré de son inspiration et des circonstances, et qui trouve une clé dans la poussière d’un terrain vague ou dans une vieille boîte à chaussures, ou tout simplement un curieux qui voyant une clé rouillée accrochée au clou dans une grange se demande à quoi pourrait servir cette clé, par hasard. » |
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Savoir encaisser sans répondre, sans même envisager l’éventualité d’une vengeance – c’est là la clef de tout… |
« Savoir
encaisser sans répondre, sans même envisager l’éventualité d’une vengeance
– c’est là la clef de tout, c’est là un art que je m’évertue depuis si longtemps
à apprendre sans y réussir, sinon à | de rares moments, – mais alors même,
comment savoir si ma victoire n’est pas le fruit de la lâcheté ? Renoncer à se venger, non dans l’immédiat, mais dans l’éternité, encaisser tous les coups pour toujours. L’omniprésence de la vengeance, voilà l’écueil contre lequel butent toutes les utopies, voilà l’obstacle majeur et invincible à l’instauration du Paradis. Je veux refouler ma vengeance, mais elle agit secrètement, et je me venge sans le savoir dans les moments même où je me rengorge, où je me flatte d’être plus avancé en sagesse que n’importe quel autre mortel. Mon sang charrie de la vengeance ; elle l’épaissit, l’alourdit, elle… » |
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Isaïe, xxii, 22-23 : 22 et dabo clavem domus David super umerum eius et aperiet et non erit qui claudat et claudet et non erit qui aperiat 23 et figam illum paxillum in loco fideli et erit in solium gloriæ domui patris sui ; – trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 1257. | |
Apocalypse, iii, 7 : hæc dicit sanctus et verus qui habet clavem David qui aperit et nemo cludit et cludit et nemo aperit ; – trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 2067. | |
Apocalypse, i, 18 : et vivus et fui mortuus et ecce sum vivens in sæcula sæculorum et habeo claves mortis et inferni ; – trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 2066. | |
Évangile selon Matthieu, xvi, 19 : et tibi dabo claves regni cælorum et quodcumque ligaveris super terram erit ligatum in cælis et quodcumque solveris super terram erit solutum in cælis ; – trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 1676. | |
Évangile selon Luc, xi, 52 : væ vobis legis peritis quia tulistis clavem scientiæ ipsi non introistis et eos qui introibant prohibuistis ; – trad. La Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, « Pocket », 1998, p. 1751. | |
P. Claudel (1868-1955), Journal, août 1952 ; Gallimard, « Pléiade », t. ii, 1969, p. 816. | |
M. Polac (1930), Journal (1980-1998), 6 (?) avril 1994 ; P.U.F., « Perspectives critiques », 2000, p. 356. | |
E. Cioran (1911-1995), Cahiers (1957-1972), fin décembre 1966 ; Gallimard, « N.R.F. », 1997, p. 453-454. | |