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Si tous les problèmes
finissent par se poser sous forme de question,
il s’en faut de beaucoup que toutes les questions posent problème.
Une interrogation dont la réponse
est immédiate, ou spontanée, n’a pas la consistance d’un
problème : elle fond sous la langue, ou sous le sens, tandis
que la solution d’un problème ne peut pas se trouver dans une réponse
toute prête. Un problème s’énonce en effet sous la forme d’une vraie
question : une question molle, qu’elle soit oiseuse ou mal posée,
ouvre le vaste domaine du faux-problème. |
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Au reste, on se gardera de (se)
poser trop de questions : 1) Ne pas multiplier les êtres sans
nécessité ; 2) « Aucun oiseau
n’a le cœur de chanter dans un buisson de questions. » |
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« Renaud
considérait le va-et-vient de cette maison royale qui différait à peine
de celle d’un | de nos bourgeois méridionaux. Comme il l’avait observé
déjà chez les milliardaires chinois, la richesse en Extrême-Orient ne
dévore pas l’individu, ne s’exprimant jamais ni en passions extérieures,
ni en vanités ; c’est à peine si ici, par exemple, le nombre et la
quantité des pièces d’orfèvrerie du service à bétel décelaient la demeure
d’un très haut personnage. En ce pays de frugalité et d’égalité sociale,
la vie d’un Prince de Karastra était presque la même que celle du pêcheur
accroupi au fond de sa jonque. Renaud se demanda s’il fallait admirer
ou se moquer. Il sourit en pensant au vieux sujet de concours de l’Académie
de Dijon : « Si les progrès des sciences et des arts ont contribué
à corrompre ou à épurer les mœurs ». Cette question, posée depuis
près de deux cents ans, n’était pas résolue ; et, derrière elle,
c’était tout son problème Orient contre Occident qu’il retrouvait… En
réalité, se disait-il, il n’y a pas de « bons sauvages ». Les
primitifs ont d’autres moyens que les civilisés d’être méchants, voilà
tout. » |
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« Il y a une réponse
à toute question, une solution à tout problème. Ce qu’il faut trouver,
ce sont les rapports entre réponses, la structure de l’ensemble de la question. » |
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« Toute question n’a
pas la même valeur selon à qui elle s’adresse. Demander « quelle
heure est-il ? » à un adulte probablement porteur d’une montre,
ou poser la même question à un bébé de trois mois – ce n’est pas du tout
le même acte. Si l’on demande à un parisien adulte ayant été à l’école,
« quelle est la capitale de la France ? », il serait absurde
de s’attendre à ce qu’il répondît « Paris ». Il soupçonne une
astuce. On considérerait comme un imbécile celui qui répondrait « Paris ».
Une question n’est donc pas une
question, mais un ensemble de questions. De même non une réponse, mais
des réponses.
Il serait insensé de penser que Dostoïewski répondît quatre lorsqu’on
lui demande « combien font deux et deux ». » |
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R. Char
(1907-1988), Recherche de la base
et du sommet (1971), iv,
« À une sérénité crispée », 1952 ; Gallimard, « Pléiade » : Œuvres complètes, 1983, p. 752. |
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P. Morand
(1888-1976), Bouddha vivant
(1927), Première partie : « La ville Interdite », I ;
Bernard Grasset, « Les Cahiers Verts », no 2, 1927,
p. 45-46. |
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R. Queneau (1903-1976),
Journaux (1914-1965),
1951, no 652 ; Gallimard, « NRF », 1996, p.
765. |
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R. Queneau (1903-1976),
Journaux (1914-1965),
1951, no 651 ; Gallimard, « NRF », 1996, p.
765. |
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