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  Théâtral  

 

 
 
      
 
 
      
  Qu’est-ce qui est théâtral, qu’est-ce qui ne l’est pas ? La question n’est pas seulement une question d’effet.
On oppose en gros le théâtral au naturel. L’adjectif s’applique à une personne ou à personnage ; à une déclaration, et plus souvent à une déclamation ; à un geste ou à une attitude ; à une scène, ou à une mise en scène, voire à une simple présence.
         
L’effet théâtral.
  

L’effet théâtral va à rebours de l’effet de réel.
L’effet théâtral désigne une action scénique dont l’artifice exprime manifestement une intention ludique. La mise en scène renonce à l’illusion en accentuant les techniques et les procédés artistiques utilisés, de sorte que le caractère artificiel de la représentation ressorte avec évidence.
Quant au jeu, l’effet théâtral est obtenu par insistance ou par ostentation : le comédien sur-joue son rôle.

  
         
Attirer l’attention sur soi, s’affirmer par un acte théâtral, se faire remarquer.
   « Cette mode de s’imbiber d’essence et de mourir brûlé montre bien à quel point ce qu’on a dit du suicide est vrai, que c’est beaucoup plus un acte contre la société que contre soi-même. Attirer l’attention sur soi, d’abord, s’affirmer par | un acte théâtral, faute d’avoir pu écrire, se faire remarquer. Le livre est bon quand il exprime un défoulement agressif. C’est le suicide par le feu de Saint-Simon que ses Mémoires. »  
         
Ce qui rend théâtral ?
   « Le chagrin rend théâtral. »  
 
 
      
Transcendantalement théâtral.
   « Truculente théorie tridimensionnelle : le tiraillement tensoriel tendu des tendons tétanisés des testicules, tonus, trachée transmise à travers le traumatisme total des ténèbres tournant tantôt en torrents tourne-soleil torrides, transfiguration translux en lavabo marque Roca, sans tache, triomphant comme l’empereur Trajan, tantalisant, terrible, tragique comme la roche Tarpéienne, et le tout tacitement et transcendantalement théâtral. »  
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      
 
 
      

   
P. Morand (1888-1976), Journal inutile, 26 janvier 1970 ; Gallimard, « Les cahiers de la n.r.f. », t. I, 2001, p. 346-347.
   
E. Cioran (1911-1995), Cahiers (1957-1972), fin avril 1969 ; Gallimard, « N.R.F. », 1997, p. 716.
   
S. Dalí (1904-1989), Pensées et anecdotes, chap. I : « Pensées » ; Le Cherche Midi, « Les pensées », 1995, p. 114.
   
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